La possibilité de transformer une semaine de congés payés en salaire : décryptage d’une réforme choc

Image d'illustration. Nouvelles regles de calcul des conges payesADN
Le projet visant à permettre aux salariés d’échanger une semaine de congés payés contre une rémunération supplémentaire suscite un vif débat, y compris au sein du gouvernement où l’annonce a pris de court certains ministres.
Tl;dr
- Suppression de deux jours fériés proposée par le gouvernement.
- Monétisation possible de la cinquième semaine de congés.
- Mesures contestées par les syndicats, négociations en vue.
Vers plus de travail : deux jours fériés dans le viseur
La question du temps de travail revient avec insistance sur la table. Mardi 15 juillet 2025, le Premier ministre a jeté un pavé dans la mare en évoquant la suppression potentielle de deux jours fériés, citant notamment le « lundi de Pâques » et le « 8-Mai ». L’objectif affiché ? Selon lui, « Il faut travailler plus. Il faut que toute la nation travaille plus pour produire et […] pour que la situation de la France s’améliore », espérant ainsi redresser les finances publiques.
Cinquième semaine de congés : vers une monétisation optionnelle ?
Dans la foulée, Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi, a pris l’initiative d’aborder un sujet sensible auprès des partenaires sociaux : celui de la possible « monétisation » de la cinquième semaine de congés payés. Sur les réseaux sociaux, elle précise que ce projet reste soumis à discussion et ne saurait être imposé sans dialogue. L’idée ? Proposer aux salariés qui le souhaitent – avec accord de leur employeur – de renoncer à tout ou partie de cette cinquième semaine contre rémunération supplémentaire. Ce mécanisme rappelle déjà celui existant autour du rachat des RTT.
La ministre insiste sur l’aspect volontaire et souligne qu’il s’agirait d’un « droit nouveau, sans remise en cause des droits et protections actuelles ». Instaurée en janvier 1982 sous le gouvernement Mauroy, cette cinquième semaine est aujourd’hui pleinement ancrée dans le paysage social français.
Syndicats vent debout face aux annonces
Pourtant, la proposition n’a pas tardé à susciter une vive réaction côté syndical. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, n’a pas mâché ses mots jeudi matin sur France Inter : selon elle, ces mesures relèvent du « musée des horreurs qui a été ouvert au moment de la présentation de ce qui pourrait être fait sur le droit du travail ». Dans son viseur, un risque d’injustice et d’efforts mal répartis entre salariés.
Voici ce que pointent les syndicats :
- Dérive vers un allongement du temps travaillé sans compensation équitable.
- Danger potentiel pour les acquis sociaux historiques.
Négociations incertaines et réactions politiques mitigées
Sur le terrain politique, l’annonce semble avoir pris certains ministres au dépourvu. Jeudi midi en Moselle, Éric Lombard, ministre de l’Économie, a d’abord affiché sa surprise avant d’appeler finalement syndicats et patronat à entamer des discussions concrètes. Si l’intention est claire – faire travailler davantage pour relancer l’économie –, le chemin jusqu’à un consensus paraît semé d’embûches. Comme souvent lorsque sont touchés des éléments aussi sensibles que les jours fériés ou les congés payés, chacun campe sur ses positions. La suite s’écrira donc lors des prochaines négociations entre partenaires sociaux.