Face à une crise financière majeure, la ministre des Outre-mer attendue en Nouvelle-Calédonie

Image d'illustration. Coucher de soleil sur la Nouvelle-Calédonie. ADN
Alors que la Nouvelle-Calédonie fait face à une crise économique majeure, la ministre entame un déplacement sur le territoire, dans un contexte de tensions accrues et d’inquiétude concernant l’avenir financier de l’archipel.
Tl;dr
- Nouvelle-Calédonie subit une crise économique sans précédent.
- PIB en chute, endettement et emplois détruits aggravent la situation.
- Les élus réclament une aide d’État, visite ministérielle en cours.
Une économie à bout de souffle
Au cœur du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie traverse l’une des pires crises de son histoire contemporaine. Depuis les violences qui ont secoué l’archipel en 2024, le territoire peine à se relever. Les conséquences économiques sont lourdes : la perte de quelque 11 000 emplois sur une population de seulement 260 000 habitants illustre l’ampleur du choc social. À Dumbéa-sur-mer, commune voisine de Nouméa, le maire LR Yohann Lecourieux constate un phénomène inédit : « On a 800 élèves en moins dans nos cantines parce que les gens ne peuvent plus payer ». Le sentiment d’abandon gagne la population, alors que les dispositifs d’aide sociale peinent à compenser l’effondrement.
L’endettement explose, la relance attendue se fait désirer
Dans ce contexte déjà tendu, le recul du PIB de 13 % et la diminution des recettes fiscales — estimées à -26 % selon le gouvernement local — n’arrangent rien. L’espoir d’une reprise en 2025 s’est évanoui. Pour éviter la faillite, l’archipel a contracté un PGE d’un milliard d’euros, garanti par l’État auprès de l’Agence française de développement. Pourtant, il ne reste plus que 200 millions d’euros pour couvrir les exercices 2026 et 2027. Ce plan de sauvetage a toutefois propulsé le taux d’endettement à un niveau alarmant : 360 %. À partir de 2026, le remboursement débutera… avec un taux fixé à 4,54 %, qualifié par nombre d’élus locaux de véritable « prêt usuraire ».
Élus locaux désemparés et inquiétudes pour l’avenir
Face à ces chiffres vertigineux, la classe politique locale affiche son désarroi. Le président du groupe Calédonie ensemble au Congrès, Philippe Michel, estime ainsi : « Le gap pour boucler le budget 2026 du territoire à 500 millions d’euros. Et ce n’est pas avec les prêts à taux usuraires imposés par l’État que l’on va s’en sortir. » La demande centrale ? Une vraie manifestation de la solidarité nationale, avec notamment la transformation partielle du prêt en subvention dès 2026. Pourtant, le prochain budget Outre-mer examiné mi-novembre au sein de l’Assemblée nationale, dans le cadre du Projet de loi de finances, ne prévoit aucune avancée sur ce terrain.
Pour illustrer davantage l’urgence :
- Diminution historique des recettes fiscales : -26 %.
- PGE épuisé à hauteur de 80 %.
- Aide sociale jugée insuffisante face aux besoins croissants.
L’appel aux réformes et le déplacement ministériel
C’est dans cette atmosphère tendue que la nouvelle ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, entame un déplacement crucial de quatre jours sur place. Les deux associations de maires ont déjà sollicité sa venue pour exprimer directement leurs doléances et souligner la nécessité impérieuse de « réformes d’ampleur » mais aussi « d’un sursaut collectif », selon Patrick Robelin, maire sans étiquette de Bourail. Cette rencontre sera déterminante pour tenter d’esquisser un chemin vers une sortie de crise encore bien incertaine.