Italie : raid “historique” contre la mafia calabraise ‘Ndrangheta, 334 arrestations
Ce vaste coup de filet comprend des avocats, des comptables, un ancien parlementaire du parti de Silvio Berlusconi ainsi que le président de l'association des maires de Calabre.
Jeudi, la police italienne a annoncé l’arrestation, dans le cadre d’un raid “historique” contre la puissante mafia calabraise ‘Ndrangheta, de 334 personnes. Nicola Gratteri, procureur anti-mafia de la zone de Catanzaro, a déclaré : “Il s’agit du plus gros coup de filet depuis le procès de Palerme”. De février 1986 à décembre 1987, 475 accusés avaient ainsi été jugés.
Plusieurs années d’enquête
Pour les besoins de cette opération baptisée”Rinascita Scott”, 2.500 carabiniers, dont certains appartenant à l’unité d’élite Ros, ont été mobilisés et soutenus par des parachutistes de l’armée. C’est une enquête ayant duré au moins trois ans qui a permis ce vaste coup de filet dans tout le pays, mais aussi jusqu’en Allemagne, Bulgarie et Suisse via des mandats européens.
Quant aux poursuites, elles vont de l’association de malfaiteurs à caractère mafieux aux homicides (entre clans rivaux) en passant par l’extorsion, l’usure et le blanchiment d’argent. Parmi ces centaines de suspects, certains étaient déjà en prison, d’autres ont été mis sous surveillance à leur domicile.
“Démonter la Calabre comme un Lego”
Le procureur Gratteri a ajouté qu’il a fallu “avancer de 24 heures l’opération” car “certains boss avaient su qu’elle était programmée pour [vendredi]”. Il se rappelle être arrivé à la tête de la mission anti-mafia de Catanzaro en mai 2016 avec “une idée, une stratégie, un projet, un rêve”. Le but était alors de déraciner ‘Ndrangheta de la Calabre, région que lui et “les meilleurs enquêteurs” se sont attachés à “démonter comme un Lego”. Il a précisé que la ‘Ndrangheta est “sous-estimée et considérée comme une mafia de bergers, au maximum spécialisée dans l’enlèvement de personnes ou le trafic de cocaïne”. Avant d’ajouter que certains de ses membres étaient si bien enracinés dans les administrations locales que leur influence ne se limitait pas à la seule attribution de marchés publics, mais aussi au choix des chantiers à entreprendre.
Luciana Lamorgese, ministre de l’Intérieur, s’est quant à elle félicitée du “très grave revers infligé à la ‘Ndrangheta de Vibo Valentia et à ses ramifications en Italie et à l’étranger”.