Grève du 10 septembre : les clés pour saisir l’ampleur de la mobilisation en France

Image d'illustration. Vue aérienne de manifestation pacifiqueADN
Un vaste mouvement de grève, prévu le 10 septembre, suscite l’inquiétude sur un possible blocage du pays. Plusieurs organisations syndicales appellent à la mobilisation, soulevant de nombreuses questions sur les raisons et l’ampleur de cette journée d’action.
Tl;dr
- Mobilisation citoyenne prévue le 10 septembre en France.
- Protestations contre les économies budgétaires de François Bayrou.
- Soutien prudent ou engagé des syndicats et partis politiques.
Un appel inédit à la mobilisation : la France à l’épreuve du blocage ?
À la veille de la rentrée, la tension monte autour des mesures d’austérité pour le budget 2026, défendues par François Bayrou. Près de 44 milliards d’euros d’économies sont en jeu et, sur les réseaux sociaux, un mot d’ordre se propage : « tout bloquer » à partir du 10 septembre prochain.
Ce mouvement, né sur une chaîne Telegram confidentielle avant de gagner TikTok, Facebook ou encore X, s’est amplifié au fil des semaines. Mais derrière l’effervescence numérique, une question demeure : ce vaste appel saura-t-il réellement s’incarner dans la rue ?
Multiplication des revendications et actions variées
Difficile de cerner précisément ce qui anime les organisateurs. Les messages appellent tantôt à réclamer un RIC (référendum d’initiative citoyenne), des hausses de salaires et retraites ou encore une grève générale. À côté des formes classiques de protestation — manifestations ou arrêts de travail — on retrouve aussi l’incitation à ne plus utiliser sa carte bancaire ou à boycotter les supermarchés dès le 10 septembre.
Selon une analyse de la start-up française Visibrain, cette agitation génère chaque jour des milliers de tweets. Un phénomène accru après l’intervention publique du parti La France insoumise. Pourtant, nombre de comptes semblent artificiels, laissant planer le doute sur l’ampleur réelle du mouvement.
Syndicats et partis politiques : soutiens contrastés
Face à cette contestation diffuse, syndicats et formations politiques peinent parfois à se positionner clairement. Si plusieurs fédérations départementales de la CGT, notamment celles de la chimie et du commerce, ont déjà annoncé leur mobilisation pour le 10 septembre, les confédérations attendent début septembre pour affiner leur stratégie collective. Le syndicat Sud-Rail a également lancé un appel spécifique ce même jour, tandis que Force ouvrière vise un préavis dès le 1er septembre.
Quant aux partis politiques, la gauche semble majoritairement favorable au mouvement. Les Insoumis, rejoints par les écologistes — avec une prise de parole remarquée de Marine Tondelier — ainsi que par les communistes, voient dans ces mobilisations citoyennes un levier face au projet porté par le gouvernement Bayrou. Les socialistes affichent leur intérêt tout en soulignant le flou du mouvement ; du côté du Rassemblement national, la prudence domine malgré une certaine compréhension affichée pour la détresse sociale.
L’ombre persistante des Gilets jaunes ?
Ce climat n’est pas sans rappeler celui des années passées : « Les ingrédients de la colère n’ont pas disparu depuis les Gilets jaunes », observe Jérôme Fourquet (Ifop). L’utilisation massive des réseaux sociaux pour coordonner ces actions témoigne d’une nouvelle donne dans l’organisation des contestations hors cadre traditionnel syndical ou politique. Reste que cette date du mercredi 10 septembre ne coïncide pas avec un jour chômé comme lors des mobilisations précédentes… Une variable non négligeable dans l’équation d’une rentrée sociale déjà explosive.
Ainsi, alors que taxi, cheminots ou hospitaliers fourbissent leurs propres mobilisations contre diverses réformes ou tarifs décriés — parfois dès le début du mois — l’automne social pourrait bien prendre forme sous nos yeux. Mais jusqu’où ira ce souffle contestataire version 2025 ?