Face aux agriculteurs, Macron s’engage à opposer un refus clair à l’accord Mercosur

Image d'illustration. PorcsADN
Emmanuel Macron s’engage à défendre les intérêts des agriculteurs français en affirmant son opposition à l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, lors d’une prise de parole axée sur la protection du secteur agricole national.
Tl;dr
- Macron rejette l’accord UE-Mercosur « tel qu’il existe ».
- Les agriculteurs réclament des garanties pour leur secteur.
- Des eurodéputés saisissent la justice contre le traité.
Les agriculteurs en quête de garanties
Dans les rues de Toulouse, ce mercredi, une tension palpable flottait parmi quelque 250 agriculteurs. À bord d’une cinquantaine d’engins agricoles, ces manifestants, venus principalement de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne, attendaient du chef de l’État un message sans ambiguïté sur le très controversé traité de libre-échange liant l’Union européenne au Mercosur. À l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, ils s’étaient massés calmement dans le sud-ouest toulousain, non loin du lieu où une délégation devait rencontrer le président vers 13h30. Comme l’exprimait alors Jean-Marie Dirat, président régional de la FRSEA : « Sur le Mercosur, on attend une réponse claire, c’est un oui, c’est un non, il faut qu’il clarifie sa position ».
L’exécutif français pose ses conditions
Le rendez-vous n’a pas déçu côté clarté. Au terme d’un échange avec les représentants agricoles, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a relayé la position ferme du président : « a été extrêmement clair pour dire que le projet d’accord entre l’UE et le Mercosur, tel qu’il existe aujourd’hui, recueillera un non très ferme de la France ». Pour justifier cette opposition, plusieurs points ont été mis en avant par le gouvernement. L’absence de « clause de sauvegarde », de « mesures miroirs » ou encore de « contrôles aux frontières » constituerait un obstacle insurmontable à toute validation par Paris. Sans protection explicite pour les intérêts des agriculteurs français, impossible pour l’exécutif d’apposer son feu vert.
Mouvements politiques et fronts européens
Sur un autre front, alors que la France affichait sa détermination sur la scène nationale, le débat s’intensifiait également à Bruxelles. Environ 150 députés européens ont décidé d’aller plus loin : ils appellent le Parlement à saisir la justice européenne contre cet accord avec les pays latino-américains du Mercosur. Une initiative portée notamment par les Français Manon Aubry (gauche radicale), Pascal Canfin (centriste) ou encore Saskia Bricmont (écologiste belge). Par ailleurs – et ce détail n’est pas anodin – une résolution pourrait être déposée dès jeudi pour officialiser cette démarche.
L’incertitude demeure autour du traité
Face à ces positions tranchées et à la pression croissante venue tant du terrain que des instances européennes, il reste difficile aujourd’hui d’imaginer une ratification rapide du projet d’accord UE-Mercosur. Si plusieurs organisations agricoles réclament toujours qu’Emmanuel Macron clarifie définitivement sa ligne – et certains syndicats dénoncent déjà ses revirements –, l’affaire semble loin d’être close. Les prochains mois seront donc décisifs pour ce texte qui cristallise autant les crispations politiques que les attentes économiques.