Face à la menace de disparition, des agriculteurs prévoient de paralyser les autoroutes à la Toussaint

Image d'illustration. Tracteurs alignés sur l autoroute lors d une manifestation agricoleADN
Face à des difficultés croissantes, des agriculteurs prévoient de perturber la circulation sur plusieurs axes routiers lors du week-end de la Toussaint. Ils entendent ainsi alerter sur la précarité de leur profession et l’urgence de leurs revendications.
Tl;dr
- Les études HMUC inquiètent les agriculteurs du Centre-Val de Loire.
- Des blocages sont prévus contre la gestion actuelle de l’eau.
- Le partage de la ressource oppose ONG, agriculteurs et autorités.
Des tensions croissantes autour des études HMUC
Depuis plusieurs mois, la question des HMUC – cet acronyme désignant « hydrologie, milieux, usages, climat » – suscite une vive inquiétude parmi les Jeunes agriculteurs du Loiret et leurs homologues du Centre-Val de Loire. Ce jeudi 30 octobre 2025, leur mobilisation prendra une tournure concrète à Orléans, où ils comptent organiser des blocages sur les autoroutes A10 et A71 durant tout le week-end de la Toussaint.
Un mouvement qui fait écho à d’autres actions récentes, comme celle menée devant le Futuroscope dans la Vienne, avec le même mot d’ordre : protester contre un dispositif perçu comme une menace pour la viabilité de leurs exploitations.
Un outil central mais contesté de la politique de l’eau
L’objectif affiché des études HMUC, pourtant, semble limpide : fournir des données pour mieux gérer la ressource en eau face aux effets du changement climatique et à l’évolution des besoins. Concrètement, il s’agit d’établir comment répartir demain cette ressource précieuse entre différents usages. Or, cet instrument technique façonne aussi bien les plafonds de prélèvement fixés dans les schémas d’aménagement (SAGE) que les orientations des projets territoriaux (PTGE).
Mais pour nombre d’agriculteurs et syndicats tels que la Coordination rurale ou la FNSEA, ces outils s’élaborent sans une prise en compte réelle des contraintes économiques du secteur agricole. Certains dénoncent notamment « l’absence d’étude socio-économique » ou « une approche hors-sol sans propositions alternatives ».
Des critiques sur le modèle français de l’eau
Ce bras de fer ne se limite pas aux acteurs agricoles : l’ONG Greenpeace, dans son rapport intitulé « Démocratie à sec », épingle elle aussi le système actuel. Pointant une « consommation disproportionnée » liée notamment à la culture du maïs – qui mobilise 38 % des surfaces irriguées principalement pour l’alimentation animale –, l’organisation juge que le partage n’est ni équitable ni durable. Selon ses analyses, certaines instances locales seraient même sous influence agricole, au détriment d’un débat pluraliste sur l’avenir de cette ressource limitée.
L’appel au dialogue : un équilibre fragile à trouver
Face à cette montée des crispations, la préfecture du Centre-Val de Loire assure poursuivre le dialogue avec tous les acteurs concernés. Elle rappelle que deux principes fondateurs structurent depuis soixante ans la politique française : « solidarité entre usagers et territoires » et « dialogue ». Pourtant, force est de constater que ce dernier paraît mis à mal ces derniers temps. À ce stade, plusieurs rapports institutionnels exhortent chacun à reconnaître les limites de la ressource et à s’entendre sur son partage. Car derrière ces débats techniques se profile un enjeu crucial : garantir un avenir viable tant pour l’agriculture que pour l’environnement.
Pour mieux comprendre ce contexte tendu, voici les principaux points d’achoppement évoqués par les parties :
- Diminution drastique des prélèvements en été : crainte majeure pour certaines productions agricoles.
- Méthodologie jugée déconnectée du terrain : absence d’alternatives concrètes selon les professionnels.
- Doutes sur la gouvernance locale : soupçons de conflits d’intérêts dans les commissions dédiées.
Ainsi se dessine aujourd’hui une équation délicate dont aucun acteur n’a encore trouvé la solution miracle.