Entre maintenance du site et dossiers bloqués, la relance de MaPrimeRénov’ connaît des ratés inattendus

Image d'illustration. Écran d ordinateur affichant des messages d erreurADN
La plateforme MaPrimeRénov' rencontre des difficultés techniques, entraînant la suspension temporaire de ses services et le report du traitement de nombreux dossiers. Les usagers concernés doivent patienter, la réouverture du site ne se déroulant pas selon le calendrier initial.
Tl;dr
- Le guichet MaPrimeRénov’ subit une panne informatique.
- Les financements sont déjà saturés jusqu’en 2026.
- Professionnels et ménages restent sans visibilité sur le dispositif.
Un engorgement qui vire au blocage
À peine trois jours après sa réouverture, le guichet numérique de MaPrimeRénov’ fait face à des difficultés majeures. La plateforme en ligne, monprojet.anah.gouv.fr, est désormais inaccessible, affichant un message de « maintenance » qui devrait durer jusqu’au début de la semaine prochaine.
Selon l’Agence nationale de l’habitat (Anah), ce dysfonctionnement s’explique par un afflux exceptionnel : « près de 150 000 connexions (…) en 2 heures, soit dix fois plus que d’habitude », avance-t-on du côté de l’organisme gestionnaire. Résultat, la majorité des usagers se retrouvent dans l’incapacité de déposer leur dossier.
Bataille budgétaire et files d’attente interminables
Le véritable problème ne se limite pas à la technique. Même en cas de dépôt réussi, impossible d’espérer un financement avant… 2026. La dotation annuelle allouée au dispositif – soit 3,6 milliards d’euros pour cette année – sera très probablement épuisée par les dossiers déposés avant juin. Les chiffres du ministère chargé du Logement sont éloquents : au 12 septembre dernier, on comptabilisait déjà 71 828 rénovations d’ampleur engagées, pour une enveloppe initialement prévue pour seulement 62 000 opérations similaires.
Ce phénomène n’a rien d’anecdotique : la ministre du Logement, Valérie Létard, avait d’ailleurs anticipé dès juillet un surplus équivalent à une demi-année de dossiers non financés pour la fin 2025 — ce qui pourrait reporter quelque 30 000 demandes sur le budget 2026, encore indéfini à ce jour.
Malaise chez les professionnels et incertitudes pour les particuliers
Cette congestion budgétaire ne laisse personne indifférent dans le secteur. Du côté des conseillers spécialisés, comme le rapporte Camille Thomas, présidente de l’association Rénomar, la crainte monte : « L’entièreté du budget 2026 risque d’être absorbée par les retards accumulés ». En parallèle, près de 13 000 nouveaux dossiers devraient s’ajouter d’ici la fin de l’année, mais leur financement n’interviendra pas avant deux ans.
Face à ce flou persistant, le chercheur en économie du climat à l’institut I4CE, Maxime Ledez, s’inquiète également : « Ménages et professionnels naviguent sans visibilité sur la politique future de rénovation énergétique ». Ce manque de lisibilité déstabilise tout autant qu’il exaspère.
L’après-pause et quotas annuels à venir
Pour mémoire, devant l’explosion des demandes à partir de fin 2024 — beaucoup visant des rénovations globales incluant divers travaux — l’État avait instauré une pause en juin. Objectifs affichés : désengorger les services d’instruction et traquer les fraudes présumées tout en ajustant le dispositif. Désormais révolu le principe du « guichet ouvert » accessible à tous : chaque année verra l’instauration stricte d’un quota national.
Dans ce contexte mouvant où chacun attend que la situation se décante, il devient difficile d’entrevoir une sortie rapide de crise pour le chantier central qu’est la rénovation énergétique française.