En 2024, 764 décès au travail : focus sur les métiers les plus mortels en France

En 2024, la France a enregistré 764 décès sur les lieux de travail. Certains secteurs d’activité, particulièrement exposés aux risques, concentrent la majorité de ces drames, révélant l’ampleur des dangers persistants pour de nombreux salariés.

Une hausse des décès qui alarme

Au fil des années, la France voit s’alourdir le bilan des morts liées au travail. En 2024, l’Assurance maladie recense ainsi pas moins de 764 décès après accident du travail, un chiffre en progression constante : ils étaient 759 en 2023, 738 l’année précédente.

Si l’on additionne accidents de trajet et maladies professionnelles, ce sont au total 1 297 décès professionnels qui ont été enregistrés cette année.

Secteurs exposés : le transport en tête, les services fortement touchés

Le rapport annuel précise que le secteur du transport paie le plus lourd tribut avec 175 morts liés à des accidents professionnels en 2024. Mais c’est dans les activités de services — santé, intérim, nettoyage — que la fréquence des accidents pour mille salariés s’avère la plus élevée (39,8).

À noter également une évolution préoccupante du côté des femmes : depuis 2001, leurs accidents du travail ont progressé de 26 %, une hausse masquée par la diminution marquée chez les hommes (–40 %).

Mortalité précoce et maladies en forte augmentation

D’après l’Assurance maladie, « plus de 20 % des décès surviennent durant la première année d’embauche », tandis que chez les moins de 25 ans, « plus de la moitié des victimes succombent dans leur première année d’activité ». Ce constat est d’autant plus troublant que la fréquence globale des accidents du travail diminue légèrement (–1,1 % en un an), mais que la mortalité continue d’augmenter.

La liste suivante permet de saisir l’ampleur des pathologies recensées cette année :

• Troubles musculosquelettiques : +6,6 %
• Pathologies liées à l’amiante : +8,5 %
• Affections psychiques, dont le nombre a doublé depuis 2020 : +9 % cette année seulement.

L’angle mort statistique et les critiques syndicales

L’inquiétude grandit aussi sur un point souvent passé sous silence. De nombreux travailleurs ne figurent pas dans ces statistiques : ni agriculteurs ni fonctionnaires ne sont pris en compte. Selon le député européen Anthony Smith, « la non-comptabilisation est massive (secteur public, travailleurs ubérisés…) », dénonçant au passage une « inaction coupable de la Macronie ». Pour faire face à cette hémorragie silencieuse, plusieurs syndicats réclament aujourd’hui le retour à des organes spécialisés tels que les CHSCT (Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), dont les pouvoirs ont été réduits ces dernières années.

Dans ce contexte inquiétant, alors même que certains chiffres officiels semblent manquer à l’appel, la prévention et la vigilance apparaissent comme plus cruciales que jamais pour endiguer ce fléau grandissant du monde professionnel.