Du tritium dans l’eau potable de 6,4 millions de Français
Cette substance radioactive, qui ne présenterait pas de danger sanitaire, est principalement présente dans l’ouest de la France et la région parisienne.
L’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) a dénoncé mercredi une « contamination » radioactive de l’eau potable au tritium, et ce pour 6,4 millions personnes en France.
Le laboratoire situé près de Caen affirme que les données ont été « fournies par le ministère de la Santé ». Mais l’Acro admet qu’« aucune valeur ne dépasse le critère de qualité de 100 Bq/L (becquerel par litre) instauré par les autorités sanitaires ».
Le tritium, « un lanceur d’alerte »
Pour l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), bras technique de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), « le code de la santé publique fixe une référence de qualité de 100 Bq/L pour le tritium qui ne représente pas une limite sanitaire mais un seuil qui, lorsqu’il est dépassé, entraîne une investigation complémentaire pour caractériser la radioactivité de l’eau ».
@__ACRO__ publie la carte de la pollution des eaux par le tritium. Et vous, buvez-vous de l'eau tritiée ? https://t.co/NJH0r7XMVE pic.twitter.com/gnDdI3I8zI
— Le JDLE (@LeJDLE) July 18, 2019
Si aucun risque sanitaire ne semble à craindre, l’Acro avance pourtant : « la présence régulière dans l’eau du robinet de tritium rejeté par les centrales nucléaires met en évidence un risque de contamination d’autres polluants radioactifs à des niveaux beaucoup plus élevés ».
Le laboratoire ajoute que cette substance est « un lanceur d’alerte » : « en cas d’accident grave sur une des centrales nucléaires sur la Seine, la Vienne, ou la Loire, il n’y aura pas que le tritium rejeté et ce sont des millions de personnes qui risquent d’être privées d’eau potable ».
Des zones particulièrement concernées
Le communiqué précise que la carté établie « fait apparaître plusieurs zones avec une présence régulière de tritium dans l’eau du robinet », particulièrement le long de la Seine, de la Vienne et de la Loire, en raison « des rejets radioactifs » de centrales.
Ainsi, 268 communes sont concernées, dont de « grandes agglomérations » à l’instar de Nantes, Angers, Tours, Blois, Orléans, ainsi que 122 communes situées en Ile-de-France.
La Criirad, autre laboratoire travaillant sur le nucléaire, a réagi en indiquant que « Les autorités acceptent, pour les polluants radioactifs, des niveaux de risque cancérigène plus de 100 fois supérieurs au maximum toléré pour les cancérigènes chimiques ».
Il dénonce pour sa part « la banalisation des contaminations en tritium » et invite « à ne pas se laisser abuser par les comparaisons avec la référence de qualité de 100 Bq/L et, plus encore, avec la limite dite sanitaire de 10 000 Bq/L ».