Démission de Christiane Taubira : “Je suis partie sur un désaccord politique majeur”
La désormais ex-ministre de la Justice Christiane Taubira s'est exprimée auprès du quotidien Le Monde quant aux raisons de son départ du gouvernement. En indiquant ne pas se poser en "opposante".
Le 27 janvier dernier, la démission de Christiane Taubira à ses postes de ministre de la Justice et garde des Sceaux était officialisée par l’Élysée. Et en ce mardi, dans un timing plutôt étonnant, sort dans les librairies un essai de 100 pages de son cru intitulé Murmures à la jeunesse.
À l’intérieur, Mme Taubira “revient sur les tragiques événements de 2015”. Mais puisque la désormais ex-ministre de la Justice s’est également illustrée en ce début de nouvelle année pour les raisons mentionnées plus haut, nos confrères du Monde se sont entretenus avec elle afin de dessiner de manière plus précise les circonstances de son départ du gouvernement.
Christiana Taubira : “J’estime qu’on ne part pas dans le vacarme”
Quand on lui demande par exemple pourquoi sa démission n’est pas intervenue fin décembre, lors de la présentation lors du conseil des ministres du projet de loi inscrivant la déchéance de nationalité dans la Constitution, Christiane Taubira indique avoir souhaité réagir dans un cadre serein : “Parce que j’estime qu’on ne part pas dans le vacarme. Je ne voulais pas que le tumulte des événements brouille la lecture de mon départ, notamment qu’on le lie aux pressions de la droite. La droite, depuis le 17 mai 2012, demande mon départ. D’ailleurs, si elle ne fait pas attention, elle va continuer à demander ma démission…” Et d’ajouter : “Ma décision formelle de partir est très antérieure à la publication du livre, même si je ne vous dirai pas la date précise. Mais, dans mon rapport de loyauté totale à l’égard du président de la République, j’ai choisi de tenir mon éditeur dans l’ignorance en ne le prévenant pas que je ne serais plus garde des Sceaux au moment de la parution du livre.”
“Murmures à la jeunesse” : “Le temps que je prends pour écrire ne regarde personne”
À la question de savoir si elle considère normal d’avoir pris du temps pour écrire son livre pour exprimer sa désapprobation d’une mesure du gouvernement, l’ex-ministre est d’ailleurs apparue quelque peu offusquée : “Le temps que je prends pour écrire ne regarde personne, sauf si l’on me démontre que je n’ai pas fait mon travail. Durant quarante-cinq mois, j’ai passé mes jours, mes nuits et mes week-ends à travailler. Ce reproche n’a aucun sens.” Et de confirmer malgré tout ne pas être partie en “opposante” mais “sur un désaccord politique majeur”.