Taubira et la Manif pour tous : “Elle était dans quel camp, l’humiliation ?”
L'ancienne ministre de la Justice a fustigé les propos d'Emmanuel Macron, qui avait estimé que les opposants au mariage pour tous avaient été "humiliés".
Christiane Taubira a accordé un entretien au quotidien Le Monde. Elle y revient sur la déclaration d’Emmanuel Macron en direction de la manif pour tous, celle-ci n’a pas vraiment plu à l’ancienne Garde des Sceaux, loin s’en faut.
Taubira : “Qui a été humilié ?”…
Publié aujourd’hui, cet entretien voit l’ex-ministre de la Justice déplorer le “renoncement de la gauche à son identité”, et plus généralement la “lente déliquescence” politique.
Et celle qui avait porté ce projet de société a donné son sentiment sur les paroles du candidat Macron, qui revenait sur la mesure-phare du quinquennat Hollande : “Qui a été humilié ? Celle qu’on traitait de guenon tous les matins ? Celle qui recevait des menaces de mort ? Celle sur qui on lançait des œufs ? À l’inverse, qu’on trouve un quart de virgule où j’aurais tenu un propos humiliant. Ce n’est pas faute d’en avoir entendu et d’avoir quatre enfants qui, en se levant le matin, les entendaient”, fustige-t-elle.
…Et “Dans quel camp était l’humiliation ?”
Elle évoque également l’ambiance qui entourait les actions de l’organisation opposée au Mariage pour tous : “Les agressions physiques homophobes, c’est La Manif pour tous qui les a supportées ? Les insultes homophobes, la disqualification de toute famille en dehors de celle avec un papa, une maman, un petit garçon et une petite fille… Ces gamins qui ont entendu qu’on les traitait d”enfants Playmobil’. Elle était dans quel camp, l’humiliation ?”.
Quant à Emmanuel Macron candidat à la présidentielle, elle livre son analyse : “il y a un jeu qui consiste à dire ’je ne suis ni de droite ni de gauche parce qu’il faut réconcilier tout le monde’. Cela n’a aucun sens. La politique ne crée pas la guerre, elle l’évite. Elle permet d’exprimer la pluralité des visions. Si on prétend faire de la politique, on doit dire aux citoyens, à visage découvert, comment on pense la société”.
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