Conflit dans l’est de la RDC : l’ONU accuse le Rwanda
Alors que les combats se poursuivent dans le Nord-Kivu entre l’armée régulière congolaise et les dissidents du M23, l’ONU pointe du doigt le Rwanda, accusé d’être la base arrière des mutins. Kigali récuse ces incriminations.
Suite à des entretiens menés auprès de 11 combattants rebelles ayant abandonné leurs positions, l’ONU accuse le Rwanda de recruter des hommes parmi sa population, au prétexte de leur faire rejoindre l’armée nationale, avant de les former brièvement au maniement de armes et de finalement les envoyer se battre aux côtés des mutins en République Démocratique du Congo. Les 11 combattants rencontrés par l’ONU seraient en effet des citoyens rwandais recrutés dans leur pays dès février, alors même que les combats opposant l’armée régulière aux dissidents du M23 dans le Nord Kivu n’ont éclaté que fin avril. Toujours selon l’organisation internationale, on trouverait parmi ces recrues de jeunes soldats mineurs. Ainsi soupçonne-t-elle le pays frontalier d’être en réalité la base arrière de la mutinerie.
Le M23 (Mouvement du 23 mars), regroupe les membres de l’ex rébellion tutsi-congolaise du Congrès National de Défense du Peuple, intégré dans l’armée régulière de RDC en 2009, après la signature d’un accord de paix avec Kinshasa. Redevenus dissidents depuis la fin du mois d’avril, ces derniers auraient entamé leur mutinerie dans le but de dénoncer leurs problèmes de salaires, de manque de nourriture, d’obtention de grades et de fonctions au sein des forces loyalistes du pays.
Le Rwanda s’insurge contre les propos de l’ONU
Tout comme elles avaient nié le soutien aux Tutsi-congolais du temps de leur première rébellion, les autorités rwandaises récusent aujourd’hui les accusations portées par l’ONU, et lui renvoient la responsabilité de la situation dans l’Est de la RDC. « Ce sont des rumeurs totalement fausses et dangereuses », a indiqué lundi la Ministre des affaires étrangères rwandaise, avant d’ajouter :
« La Communauté internationale continue de négliger les vrais problèmes causés par cette instabilité, pour ne s’intéresser qu’aux symptômes, et non aux racines profondes de ce qui cause les souffrances dans notre région. La mission de l’ONU en RDC coûte des milliards de dollars, représente ¼ du budget de l’ONU pour les missions de maintien de la paix dans le monde, et ça a été un échec dès le premier jour ».
Les combats se poursuivent
Pendant ce temps, dans la province du Nord-Kivu, les combats se poursuivent, portant la situation de la région au rang de « désastre humanitaire » : 514 000 personnes auraient déjà été déplacées, et réparties dans les 31 camps de réfugiés du Nord-Kivu. Mutins et forces loyalistes affirment tous deux avoir la maîtrise de la situation, et il parait ainsi extrêmement difficile d’avoir une vision claire de la situation militaire de la région.
Le général Bosco Ntaganda, accusé par Kinshasa d’être à l’origine de la mutinerie des ex-CNDP, et par ailleurs recherché par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre, est quant à lui toujours en fuite.