Comment se forment les impressionnants maelströms au large de la Norvège
Comment se forment les impressionnants maelströms au large de la Norvège. Des phénomènes naturels craints depuis fort longtemps.
La Norvège est un pays magnifique, avec ses îles et ses fjords, offrant des paysages à couper le souffle. Mais cela favorise la formation de tourbillons, ou maelströms. Deux sont particulièrement célèbres : le Saltstraumen, près de la ville de Bodø, et le Moskstraumen, à la pointe de l’archipel des Lofoten. Mais comment expliquer leur origine ?
Comment se forment les impressionnants maelströms au large de la Norvège
Le maelström est un courant marin offrant la particularité de générer des tourbillons. Un phénomène très local, donc, qui ne peut être possible que dans des conditions très particulièrement (marées, relief du sol, etc.). Le Saltstraumen et le Moskstraumen ont lieu quatre fois par jour – deux fois à marée montante, deux fois à marée descendante -. La marée crée une différence de niveaux d’eau, soit entre deux fjords (Salstraumen), soit entre un fjord et la mer de Norvège (Moskstraumen), ce qui génère de forts courants tourbillonnaires. Plus l’amplitude de la marée est grande, plus le maelström est puissant.
Le plus spectaculaire des deux, le Moskstraumen, est celui le plus étudié par les scientifiques. À la fin des années 1990, grâce notamment à des simulations numériques, leur mystère a pu être percé. Pendant la marée, des ondes d’eau parcourent de longues distances, le long de la côte de Norvège, vers le nord. Une fois dans le fjord, elles se retrouvent bloquées par les Lofoten, ce qui les amplifient et créent cette différence de niveau. À marée haute, le niveau est plus élevé dans le fjord, l’eau s’évacue alors vers l’ouest, par le détroit entre la pointe de l’archipel et l’île de Mosken. Cela vient créer des tourbillons de 10 à 15 mètres de diamètre. “Nous avons relevé trois mètres/seconde à distance de la partie la plus étroite. Il pourrait donc atteindre 4 à 5 mètres/seconde, une vitesse considérable”, rapporte Trygve Halsne, doctorant à l’Institut météorologique norvégien. À marée basse, c’est l’inverse, mais les conséquences sont les mêmes.
Des phénomènes naturels craints depuis fort longtemps
Depuis l’époque viking, les maelströms sont bien décrits. “Un horrible Charybde”, explique même le Suédois Olaus Magnus dans la première carte marine de Scandinavie en 1539. Par la suite, Edgar Allan Poe, Jules Verne et bien d’autres lui donneront leurs lettres de noblesse. Pour vous faire une idée de ce monstre de la nature, le chercheur Luis Marié, océanographe physicien à l’Ifremer, explique : “Imaginez que des navigateurs en bateau à voile, restés côté fjord pour se protéger d’une tempête, soient aspirés vers le large par le courant. Ils se retrouvent alors sans abri, dans une mer rendue encore plus dangereuse par l’interaction entre la houle et le courant. Une expérience détestable qu’ils ont certainement eu à cœur de raconter.”
Si le Saltstraumen et le Moskstraumen sont impressionnants, ces phénomènes ne sont pas uniques. En France, plus particulièrement en Bretagne, il existe des zones similaires redoutées des navigateurs. Le raz de Sein, entre la pointe du Raz et l’île de Sein, le passage du Fromveur, entre les îles d’Ouessant et de Molène, ou encore le raz Blanchard, à la pointe nord-ouest du cap de la Hague, dans la Manche, sont des endroits particulièrement délicats, le courant peut dépasser les 5 mètres par seconde.