Châteauroux : ils vendent des masques chinois qu’ils estampillaient Made in France
Quatre mois de prison ont été requis contre les dirigeants de la société Coveix pour "escroquerie aggravé".
Face à la crise du Covid-19 et à la pénurie de masques au début de la pandémie, ils pensaient avoir flairé le bon filon. Le tribunal correctionnel de Châteauroux a jugé, ce mercredi 10 novembre, les dirigeants de la société Coveix pour des faits d’escroquerie aggravée.
Ces derniers sont en effet soupçonnés d’avoir revendu des millions de masques chinois en les faisant passer pour des masques fabriqués en France. De la prison ferme et une amende de 30 000 euros ont été requises.
Des millions de masques reconditionnés
Tout commence donc au début de la crise du Covid-19. La France manque alors de masques de protection et dépend des importations pour couvrir la demande. Les problèmes de dépendances au marché chinois font alors polémiques. Un homme flaire alors le bon filon et début 2020, crée la société Coveix, dédié à la fabrication de masques chirurgicaux « Made in France ».
Très vite, les premières commandes arrivent et en août 2020, la société Alliance Healthcare passe une commande de 17 millions de masques à Coveix pour fournir Santé Publique France. Problème, au moment de valider cette commande, Coveix n’a encore ni machine, ni local et ni même employé alors que le site de l’entreprise promet une production de 12 millions de masques par mois.
Pas de problème pour les dirigeants de Coveix qui décide de commander des millions de masques à un fournisseur chinois pour les faire reconditionner dans des boîtes estampillées « Made in France » et les revendre ensuite 6 fois plus cher que leur prix initial. Des masques qui étaient cependant conformes aux normes sanitaires.
Un dépannage pour le patron
C’est finalement le signalement d’un salarié de l’entreprise en octobre 2020 qui permettra de découvrir le subterfuge. Ce dernier a en effet déploré le fait d’être payé à reconditionner des masques arrivant de Chine selon La Nouvelle République.
Lors de son audition au tribunal, le principal accusé a indiqué avoir agi de la sorte pour « dépanner » le temps de régler les machines utilisées pour fabriquer ses propres masques. Il ne voulait pas « aggraver la pénurie » dans l’Hexagone. S’il a finalement bien réussi à faire des masques Made in France à raison de 150 000 pièces produites, ces derniers n’ont jamais répondu aux normes en vigueur dans l’Hexagone.
La substitut du procureur de la République de Châteauroux a requis 4 ans de prison dont un avec sursis, une amende de 30 000 euros et l’interdiction de gérer une entreprise à l’encontre du principal prévenu.
Un deuxième homme était devant le tribunal pour complicité.Ami du PDG de Coveix, il a notamment aidé à établir des factures. Deux ans de prison, dont un ferme, ont été requis contre lui, ainsi que 10.000 euros d’amende et des indemnités.
En juin dernier, l’entreprise Coveix a été placée en liquidation judiciaire. Le jugement a été placé en délibéré au 12 janvier prochain.