Centrafrique : lynchage public par l’armée
Des militaires des Forces Armées Centrafricaines ont publiquement lynché un jeune homme, l’accusant d’appartenir à la rébellion Séleka.
Mercredi soir, une cérémonie officielle en présence de la Présidente Catherine Samba Panza devait célébrer la renaissance de l’armée. Premier pas vers la réconciliation nationale en Centrafrique, elle saluait l’intégration ou réintégration dans les Forces Armées Centrafricaines (FACA), de milliers de soldats dispersés depuis le coup d’Etat de l’an dernier.
Après le départ des officiels, et notamment de la Présidente, des militaires ont lynché un homme à mort dans l’enceinte de l’Ecole de la Magistrature où se déroulait la cérémonie. Devant témoins, des éléments de la FACA s’en sont en effet pris à un jeune homme en civil, l’accusant d’être un rebelle Séleka infiltré. L’homme a été battu à mort à coup de pied, de pierres et de couteau, avant d’être déshabillé et trainé dans la rue, où des militaires se sont acharnés sur son cadavre.
Peu de réactions
La scène s’est déroulée sous les yeux de la Misca (force africaine), sans que celle-ci n’intervienne. Après qu’une foule en colère ait rejoint la scène de lynchage, le corps aurait, selon témoins, été démembré et incendié. Aucun soldat de la FACA ne s’est interposé. La Misca est finalement intervenue pour disperser la foule à l’aide de gaz lacrymogènes, juste avant l’arrivée des forces françaises. Selon un porte-parole de Sangaris, cette dernière n’aurait pas été chargée d’assurer la sécurité de la cérémonie.
Ni la Présidente, ni aucun officiel n’a souhaité réagir aux événements. L’ONU réclame quant à elle des sanctions exemplaires pour les militaires responsables de ce meurtre.
La Centrafrique : rien n’est réglé
Malgré un certain retour du calme depuis l’élection de Catherine Samba Panza, et un couvre-feu repoussé de 18 à 20 heures cette semaine, la population de Bangui reste terrorisée : aucun criminel de guerre n’est arrêté par les forces militaires en présence, les populations musulmanes fuient depuis vers le nord du pays, de même que les membres de la rébellion Séléka à majorité musulmane.
Par ailleurs, ce jeudi, l’ONG Human Rigths Watch a déclaré que, selon plusieurs témoins, des soldats tchadiens de la Misca, chargée de maintenir la paix, joueraient en réalité double jeu, en soutenant secrètement l’ex-rébellion.