Canicule : quel est son véritable impact sur l’économie, la santé et nos modes de vie ?

Image d'illustration. Vue sur un bâtiment de bureaux climatisé contrastant avec le soleil brûlantADN
Alors que les épisodes de chaleur extrême se multiplient, leur impact ne se limite pas à la santé publique. Baisse de productivité, hausse de la consommation énergétique, surmortalité : la canicule entraîne d’importants coûts économiques et sociaux.
Tl;dr
- Vagues de chaleur : fort impact sur l’économie française.
- Coût sanitaire élevé et difficile à mesurer précisément.
- Adaptation urgente face au changement climatique.
La canicule, une menace économique persistante
Alors que le thermomètre reste désespérément haut sur l’Hexagone, la levée de la vigilance rouge par Météo-France ne doit pas faire illusion : les trois-quarts du territoire demeurent en vigilance orange. Cette persistance de la vague de chaleur ne fait pas que peser sur le quotidien des Français.
Les conséquences économiques s’accumulent, et l’étude publiée début juillet par Allianz Trade, filiale d’Allianz, se veut sans détour : « Une journée de chaleur extrême, soit supérieure à 32 °C, équivaut à une demi-journée de grève ».
Productivité en berne et secteurs fragilisés
Selon cette même analyse, la France pourrait perdre jusqu’à 0,3 point de PIB, soit quelque neuf milliards d’euros. Le Vieux Continent n’est pas épargné : la baisse estimée atteint 0,5 point de PIB en moyenne, avec des disparités marquées selon les pays – l’Espagne frôlant les 1,4 points perdus.
Les explications sont multiples : la chaleur affecte directement la productivité – « Lorsqu’il fait chaud, on travaille moins bien », constate Sandrine Mathy du CNRS. Certains secteurs subissent plus durement encore ces épisodes extrêmes :
- BTP, où les chantiers s’ajustent ou s’interrompent face au mercure ;
- Agriculture, fragilisée par des rendements en chute libre (–13% pour le maïs non irrigué en 2022) ;
- Énergie, où les centrales nucléaires doivent parfois stopper leur activité en raison des rivières trop chaudes ou d’invasions de méduses.
Lourde facture sanitaire et sociale
Au-delà du marché, c’est aussi la santé qui paie le prix fort. Trois chercheurs – Lucie Adélaïde, Mathilde Pascal et l’économiste Olivier Chanel – ont tenté d’évaluer le coût sanitaire invisible des canicules. Entre 2015 et 2020, ce coût oscille entre 22 et 37 milliards d’euros en France métropolitaine, selon la méthode employée (années de vie perdues ou mortalité excédentaire).
Dans leur calcul entrent notamment : recours accru aux soins (urgences, hospitalisations), pertes de bien-être liées aux restrictions d’activités et augmentation de la mortalité prématurée. Un chiffre déjà considérable auquel il faudrait ajouter l’impact sur les malades chroniques, la santé mentale ou encore la biodiversité.
S’adapter pour résister au bouleversement climatique
Le tableau n’incite guère à l’optimisme. Pourtant, les solutions existent. L’anticipation reste possible : « Contrairement aux crues soudaines, on peut prévoir une canicule quelques jours à l’avance et limiter ainsi l’exposition des populations vulnérables », rappelle Olivier Chanel. S’adapter passe aussi par des changements structurels : horaires décalés ou télétravail durant les pics thermiques, rénovation des logements pour mieux isoler du chaud et végétalisation accrue des villes. À terme, il faudra repenser tout un mode de vie afin que ce qui semble aujourd’hui exceptionnel devienne supportable demain.
Enfin – une évidence devenue urgence – il faudra réduire drastiquement les émissions responsables du réchauffement global pour éviter que ces vagues meurtrières ne deviennent notre lot quotidien dans vingt ans.