Bonbons et boissons à la saveur de cocktails alcoolisés, nouvelle cible des addictologues
Les spécialistes craignent que cette consommation conduise enfants comme parents à sous-estimer les risques de l'alcool.
Glace ou sirop façon Piña colada, bonbons au goût mojito… La mode des aliments sucrés sans alcool mais qui en rappelent le goût inquiète les spécialistes des addictions.
Cela pourrait selon eux pousser les enfants, à l’avenir, à s’orienter vers des boissons alcoolisées, ayant été habitués au goût et à l’idée de boire ces cocktails.
“C’est d’une bêtise folle”
Au Parisien, le président de SOS Addiction William Lowenstein déplore : “En termes de santé publique, c’est d’une bêtise folle. Les souvenirs d’enfance jouent un rôle, une fois adulte. Cela les conduira plus tard sous-estimer le risque de l’alcool, c’est la même farce qu’avec le Champomy”.
Toujours dans les colonnes du quotidien, le psychiatre et addictologue Amine Benyamina ne dit pas autre chose : “Il s’agit d’une éducation au goût. Ce marketing les prépare à en boire, on est dans la banalisation complète de l’alcool”.
Un paradoxe soulevé
Un autre spécialiste de l’addiction, le sociologue Christophe Moreau relève par ailleurs que si dans le domaine de la consommation de tabac, notre pays a progressé, il note que “D’un côté, on a interdit l’alcool aux mineurs ainsi que la publicité, il y a une volonté de protéger le consommateur, et, de l’autre, on fait la promotion de la fête, on met en place un marketing comme le montrent ces produits”.
Mais les industriels ne veulent pas être liés au secteur de l’alcool, à l’image de Cédrick Maurel, directeur marketing de la marque de confiseries Lutti, qui commercialise un bonbon mojito : “Chacun est libre de penser ce qu’il veut, mais nous nous inspirons plutôt de la mode des mocktails qui cartonnent aujourd’hui bien plus que les vrais sur les cartes des bars. Et notre cible est adulte, on vise les 25-49 ans”.