Besançon : l’anesthésiste Frédéric Péchier écope de la perpétuité pour 30 empoisonnements

Image d'illustration. Justice, tribunal. ADN
Reconnu coupable de trente empoisonnements, l’anesthésiste Frédéric Péchier a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Ce verdict marque l’épilogue d’un procès hors norme qui a bouleversé le milieu médical à Besançon.
Tl;dr
- Frédéric Péchier condamné à perpétuité pour 30 empoisonnements.
- Victimes : patients de 4 à 89 ans, 12 décès.
- Péchier clame son innocence, procès sous tension.
Un verdict qui marque la justice française
Dans une affaire hors norme, la cour d’assises du Doubs a scellé jeudi 18 décembre le destin de Frédéric Péchier, ancien anesthésiste-réanimateur à Besançon. Accusé d’avoir empoisonné au bloc opératoire pas moins de 30 patients, dont 12 sont décédés, ce médecin quinquagénaire a été condamné à la prison à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans et d’une interdiction définitive d’exercer. Il conserve toutefois la possibilité de faire appel.
Tensions et émotions lors d’un procès fleuve
Les débats se sont étirés sur près de quinze semaines. D’un côté, les témoignages poignants des victimes et familles. De l’autre, un accusé tour à tour décrit comme « tueur en série dénué d’empathie» ou « homme détruit». S’il est resté impassible devant l’accusation, Péchier s’est effondré en larmes lors de l’évocation de sa tentative de suicide en 2021. Interrogé pour la dernière fois lundi, il a répété avec force : « Je ne suis pas un empoisonneur». D’ailleurs, tout au long du procès, il n’a jamais varié dans sa position. Même s’il a admis qu’un empoisonneur avait bien sévi dans l’une des deux cliniques privées où il exerçait entre 2008 et 2017.
L’accusation face à la défense : deux visions irréconciliables
Pour l’avocate générale Christine de Curraize, le mobile du médecin était limpide : « assister à la débâcle de son confrère piégé, jouir de son impuissance », avant d’entrer en scène en tant que « sauveur admiré ». Une posture destinée avant tout à masquer ses crimes. L’accusation a même qualifié le prévenu d’« un des plus grands criminels de l’histoire », affirmant qu’il aurait « utilisé la médecine pour tuer ». En contrepoint, son avocat Randall Schwerdorffer, assuré du manque de preuves irréfutables selon lui, a sollicité un acquittement pur et simple.
Témoignages bouleversants des victimes et séquelles durables
La liste des patients concernés – âgés de quatre à quatre-vingt-neuf ans – témoigne de l’ampleur du drame. Certains gardent aujourd’hui encore des séquelles majeures :
- Séquelles neurologiques persistantes et troubles cognitifs graves.
- Difficultés quotidiennes : mémoire défaillante, fatigue extrême.
- Sensibilité accrue au bruit et perte d’autonomie.
À titre d’exemple, Sandra Simard confie vivre désormais « comme dans le corps d’une vieille personne », après avoir passé plus de deux ans en arrêt maladie.
Entre incompréhension médicale initiale et émotion brute, ce procès laisse derrière lui une profession ébranlée et une société saisie par l’ampleur du crime comme par le débat judiciaire qui ne fait sans doute que commencer.