Attaque de l’Hyper Cacher : le récit d’une rescapée indignée
Près d'un an après l'attaque de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, une rescapée raconte son épreuve, qui ne s'est pas arrêtée au terme de cette journée du 9 janvier 2015.
Alors que dans tout juste une semaine, les médias célèbreront sans bougie aucune le premier anniversaire de l’attaque de l’Hyper Cacher survenu le 9 janvier 2015 à la Porte de Vincennes, une rescapée de la prise d’otage revient aujourd’hui publiquement, et pour la toute première fois, sur cet épisode de sa vie.
Zarie est une jeune femme de 23 ans qui étudie en Israël. À l’occasion des fêtes de fin d’année séparant 2014 de 2015, elle séjournait en France et travaillait à l’Hyper Cacher, comme elle en avait d’ailleurs l’habitude. Le 9 janvier dernier, elle était ainsi de service. Quand le terroriste pénètre dans la boutique, Zarie se rue derrière sa caisse.
Une rescapée de l’attaque de l’Hyper Cacher témoigne : “Il n’avait aucune raison de me louper”
Une action qui n’empêchera cependant pas Amedy C., alors déjà responsable de la mort de plusieurs personnes, de la repérer. Et de pointer son fusil en direction de l’étudiante. Dans des propos repris par MYTF1News, celle-ci raconte ne pas avoir compris pourquoi le terroriste ne l’a pas abattue : “J’ai senti le souffle de la balle, à quelques centimètres de mon visage. Il n’avait aucune raison de me louper. Jamais je ne saurai s’il voulait me tuer ou me faire peur.”
“Je suis en colère contre la France”
Et quand Zarie lui offre le contenu de sa caisse, Amedy C. lui répond : “Vous n’avez rien compris. Vous avez entendu parler de Charlie Hebdo ? Les frères Kouachi et moi, on est une même équipe. On s’est scindés en deux. Eux, c’était les journalistes et moi c’était vous […] Je suis venu mourir et venger le Prophète.” Avant de s’exprimer sur ses origines et ses motivations au groupe d’otages rassemblés à sa demande : “Il a raconté qu’il venait du Mali, qu’il détestait les Juifs et les Français. Il a parlé de Saddam Hussein, des médias. C’était du bourrage de crâne. […] On aurait dit un schizophrène. Après avoir provoqué un bain de sang, il était détendu, prêt à débattre.” Après être ressortie vivante de cette confrontation, Zarie décrit un quotidien portant les traces de ce 9 janvier 2015 : “Je suis devenue paranoïaque, je tremble de peur dans la rue. Je ne me déplace presque qu’en taxi. Dans un endroit fermé, je cherche immédiatement les sorties. […] Ce n’était pas une prise d’otage de 4h15. C’était une seconde, puis une seconde…” En se rapportant aux récents attentats de novembre, la jeune femme en veut au gouvernement français de n’avoir pas su, selon elle, tirer les enseignements des attaques de janvier dernier : “Je suis en colère contre la France. Il faut croire que les morts des 7 et 9 janvier n’étaient pas assez nombreux. Il a fallu attendre des dizaines d’autres morts pour réagir et prendre conscience du danger terroriste. Je n’ai plus confiance. Je ne peux plus rester ici.”