Alimentation : les émulsifiants, ces additifs qui favoriseraient les cancers
C'est la première fois que des chercheurs français se penchent sur le lien entre apports alimentaires en émulsifiants et risque de cancers.
L’industrie agro-alimentaire en est friande, mais qu’en est-il de notre corps ? Les additifs sont présents dans des milliers de produits. Soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens, ou cancérigènes, qu’en est-il des émulsifiants ?
Ceux qui servent à stabiliser un mélange de substances qui normalement se séparent comme l’eau et l’huile n’avaient jamais spécifiquement fait l’objet de recherches en la matière, car comme l’a précisé l’Inserm dont est issue l’étude, « leur sécurité a été précédemment évaluée sur la base des preuves scientifiques disponibles à l’époque ».
Les données de 92 000 Français
Leur travail s’est appuyé sur les données françaises de 92 000 adultes ayant participé à l’étude de cohorte NutriNet-Santé entre 2009 et 2021.
Ainsi, une fois ces données analysées, les chercheurs ont observé que « des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471) étaient associés à des risques accrus de cancers au global, de cancers du sein (+ 24 % de risque), et de cancers de la prostate (+ 46 %). D’autre part, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de plus de risque de développer des cancers du sein, par rapport au groupe ayant des apports plus faibles ».
Pain, huiles, boissons alcoolisées…
Or ce E471, on le retrouve dans de très nombreux produits de consommation comme le pain, les produits de boulangerie, confitures, boissons alcoolisées, céréales transformées ou encore les huiles.
Quant aux E407 et E407a, il s’agit d’agents de texture retrouvés dans des produits laitiers tels que le lait aromatisé, les yaourts aux fruits, les crèmes desserts, les laits ou yaourts végétaux, des produits sucrés tels que les crèmes glacées, gâteaux ou biscuits industriels, les plats préparés.
Une réglementation à revoir
Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à l’Inrae, tous les deux principaux auteurs de l’étude, résument : « si nos résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs ».
Car en ce qui cocnerne l’E471, l’Autorité européenne de Sécurité des aliments (EFSA) estimait en 2017 qu’aucune « preuve d’effets indésirables n’avait été rapportée », et que de fait il n’était « pas nécessaire de définir une dose journalière admissible ».