À qui revient la propriété de cette météorite venue de Mars : Niger ou États-Unis ?

Image d'illustration. Vue texturée de pierre ocreADN
La découverte d’une météorite rare, récemment analysée par des experts, soulève des questions sur sa provenance et son appartenance légale. Provenant possiblement de Mars, récupérée au Niger, elle attire désormais l’attention des autorités américaines.
Tl;dr
- Météorite martienne vendue 5 millions à New York.
- Le Niger revendique la pierre, soupçonne un trafic illicite.
- Débat juridique et éthique sur la propriété des météorites.
Un caillou venu de Mars, au cœur d’une controverse mondiale
L’histoire commence dans le désert d’Agadez, au Niger. Là, en novembre 2023, un « chasseur de météorites » met la main sur une pierre aux reflets ocre, remarquable par sa taille : près de 25 kg.
Ce fragment martien – baptisé NWA 16788 – s’avère être la plus massive météorite provenant de la planète rouge jamais retrouvée à ce jour. Rapidement cédée à un marchand international, elle traverse l’Italie, puis atterrit dans le catalogue d’une grande maison de ventes aux enchères nord-américaine.
Un record de vente qui indigne le Niger
Le 16 juillet dernier, l’objet suscite les convoitises chez Sotheby’s, à New York. Un acheteur privé anonyme emporte la précieuse roche pour une somme dépassant les 5 millions de dollars. Mais derrière ce record se profile une vive réaction du gouvernement nigérien.
Niamey conteste formellement cette vente et ordonne l’ouverture d’une enquête pour « faire la lumière sur cette affaire ». Estimant que la météorite a probablement été exportée illégalement, les autorités parlent sans détour de « trafic international illicite » et annoncent la suspension immédiate de toute exportation de pierres précieuses ou météorites.
Entre patchwork juridique et débat éthique
Ce bras de fer soulève une question fondamentale : à qui appartient réellement un objet tombé du ciel ? Le flou règne autour du statut des météorites. Leur propriété oscille entre droit international et lois nationales. Aux États-Unis, elles reviennent au propriétaire du terrain où elles sont tombées – si celui-ci est privé. Au Niger, en revanche, une législation spécifique protège les « spécimens rares » minéralogiques, parmi lesquels figurent sans ambiguïté ces roches venues de l’espace selon plusieurs spécialistes comme Matthieu et Max Gounelle.
Voici ce que cela implique concrètement :
- Sotheby’s assure avoir respecté toutes les procédures internationales lors du transfert.
- Cependant, un réexamen du dossier est en cours face à la polémique.
- L’anonymat entourant chaque acteur trouble davantage le dossier.
Une pièce scientifique inestimable menacée ?
Pour le paléontologue américain Paul Sereno, dont les liens avec Niamey sont anciens, il ne fait guère de doute que cette météorite aurait dû rester dans le patrimoine nigérien. Plus qu’un simple caillou précieux ou un enjeu marchand, elle représente un témoin exceptionnel de l’histoire géologique martienne.
Sa disparition dans les collections privées serait, selon ses mots : « ce n’est pas quelque chose qui devrait être vendu aux enchères et risquer de disparaître sous le manteau de quelqu’un ». D’autant plus que ce genre d’affaire relance immanquablement le débat sur la valeur scientifique – voire patrimoniale – des trésors venus d’ailleurs.