Paul Verhoeven : “Elle” n’est pas son film “le plus abouti”
Le réalisateur Paul Verhoeven a confié que son film préféré, parmi tous ceux qui portent son nom, est "Robocop". À l'inverse, "La chair et le sang" est une œuvre pour laquelle il émet "des réserves".
Avec Elle, Paul Verhoeven a été l’une des figures de la 69e édition du Festival de Cannes. Dans son nouveau film, le réalisateur néerlandais présente une Isabelle Huppert dans un rôle très sollicitant, et la comédienne comme le chef d’orchestre d’être finalement apparus très satisfaits de cette collaboration.
À cette occasion, des réalisateurs français admirateurs de l’œuvre de Paul Verhoeven ont été réunis par Studio Ciné Live pour chacun lui poser des questions. Laurent Tirard, à qui l’on doit Un homme à la hauteur ou encore Molière, s’est permis une double-interrogation classique mais à la réponse pas forcément prévisible.
“La chair et le sang” : quand Verhoeven en émet “des réserves”
Quand on lui demande ainsi quel a été son film préféré parmi ceux qu’il a pu tourner, le réalisateur ne semble pas hésiter quant au nom à donner : “Robocop, justement. [NDLR : il reconnaissait juste avant s’être inspiré de Fritz Lang pour le film] Il reste à mes yeux mon film le plus abouti, tant dans son scénario que dans sa dimension politique.”
Et celui qu’il peut regretter d’avoir mis en boîte ? “À l’inverse, j’ai des réserves sur La chair et le sang : Rutger Hauer et Jennifer Jason Leigh sont deux grands acteurs, mais l’alchimie ne fonctionne pas entre eux. Je ne ressens jamais leur attirance mutuelle à l’écran.”
“Hollow Man” : pas le film “que j’avais imaginé”
Le réalisateur Arthur Harari (Diamant noir) évoque pour sa part le cas Hollow Man, dont la version finale ne représente apparemment pas la vision initiale de Paul Verhoeven : “Dans sa première version, Hollow Man était un slasher, mais j’espérais pouvoir l’amener dans une toute autre direction. Hélas, je me suis vite retrouvé coincé : la proximité avec le roman L’homme invisible, de H. G. Wells, dont les droits appartenaient à un studio concurrent, nous a contraints à ne tourner aucune scène en extérieur, sous peine d’être accusés de plagiat.
Le film ne ressemble en rien à ce que j’avais imaginé. J’avais prévu comme slogan pour l’affiche : ‘Que feriez-vous si vous étiez invisible et que vous puissiez sortir impuni de toute situation?’ […] Je voulais parler des mauvais penchants de la nature humaine. Or vous savez ce qu’ont finalement choisi les studios comme slogan? ‘Vous pensez que vous êtes seul ?’ Voilà, sans commentaire. J’ai également dû couper des scènes jugées trop violentes. Que de frustrations. J’ai heureusement pu me réfugier dans le travail sur les effets spéciaux, assez novateurs à l’époque.”