Virginia Norwood, la mère du programme Landsat de la NASA

Virginia NorwoodInstitute for Radio Engineers Convention / NASA
Virginia Norwood, la mère du programme Landsat de la NASA, est décédée il y a quelques jours, à l'âge de 96 ans.
Si vous n’avez jamais entendu parler de Virginia Norwood, le moment est tout désigné. Pionnière de l’aérospatial dont la carrière aurait pu être bien davantage mise en avant si elle n’avait vécu à une époque plus misogyne encore que la nôtre, elle a mis au point le programme satellite Landsat qui analyse la surface de notre planète aujourd’hui. Virginia Norwood s’est éteinte le 27 mars dernier à l’âge de 96 ans.
Virginia Norwood, la mère du programme Landsat de la NASA
Malgré une industrie dominée par les hommes, malgré son talent évident, elle a eu de grandes difficultés à trouver du travail après avoir obtenu son diplôme du prestigieux Massachusetts Institute of Technology, parfois pour des raisons édifiantes, avant de progresser comme il se devait suite à des signatures chez US Army Signal Corps Laboratories et Sylvania Electronic Defense Labs. Virginia Norwood a commencé à travailler dans les années 1950 au sein d’un petit groupe de femmes chez Hughes Aricraft Company, où elle s’est forgée une solide réputation pour résoudre des problèmes. Sa fille, Naomi Norwood, se souvient : “Elle disait ‘J’étais assez connue comme la personne qui pouvait résoudre des problèmes impossibles’. […] Alors les gens lui amener des trucs, parfois même des pièces d’autres projets.”
À la fin des années 196°, le directeur de Geological Survey voulait prendre des photos de la Terre depuis l’Espace pour mieux en gérer les ressources ; en partenariat avec la NASA, il fut décidé d’envoyer des satellites dans l’Espace. Travaillant alors chez Hughes, elle imaginait cette idée qui allait la faire passer à la postérité. Elle compilait les retours d’experts de l’agriculture, de la météorologie et de la géologie pour mettre au point un scanner capable d’enregistrer des spectres différents. Elle a utilisé et adapté des technologies existantes pour répondre aux besoins de Geological Survey et la NASA.
Cependant, embarquer son Multispectral Scanner System (MSS) sur le satellite n’a pas été une mince affaire. Celui-ci avait déjà un énorme système à trois caméras développé par RCA avec la même tech que nos vieux téléviseurs cathodiques. Pour intégrer le MSS, Virginia Norwood a dû rendre le tout bien plus compact et plus léger – pas plus de 45 kg, alors que le système de RCA en prenait 1 800 -. Pour ce faire, elle a limité son système à seulement quatre bandes d’énergie (contre sept à l’origine).
est décédée il y a quelques jours, à l’âge de 96 ans
Le satellite fut lancé le 23 juillet 1972 et le MSS prenait ses premières images – des Montagnes Ouachita de l’Oklahoma – deux jours plus tard. Les résultats ont dépassé les attentes, entraînant une rapide réévaluation de la hiérarchie des projets du satellite. Le système de Virginia Norwood faisant bien mieux et était plus fiable que le projet de RCA qui causait des coupures de courant et a dû être débranché définitivement deux semaines plus tard.
Landsat est rapidement devenue la méthode de prédilection pour analyser la surface terrestre. Virginia Norwood n’a cessé d’améliorer son système, supervisant les développements de Landsat 2, 3, 4 et 5. Landsat 8 et 9, les versions actuelles qui observent aujourd’hui le changement climatique, reposent toujours sur le concept initial. Parmi ses autres projets, on lui doit notamment la conception de l’équipement de communications au sol pour l’atterrisseur lunaire Surveyor de la NASA.
Et quand on lui parle de son surnom de “mère du Landsat”, elle n’en était pas peu fière. “Oui, j’aime bien, et il est adapté. […] Je l’ai créé, je lui ai donné naissance et je me suis battue pour lui.”