Violemment touché par le coronavirus, Vincent Duluc lance : « Ce qui me reste, c’est le dévouement du personnel de l’hôpital »
C'est un témoignage fort, puissant, et qui montre la dangerosité du Covid-19. Le journaliste sportif du journal L'Équipe s'exprime.
Si vous aimez le sport, vous connaissez certainement son visage. Vincent Duluc est journaliste spécialisé football, pour la chaîne L’Équipe. Le 18 mars dernier, il explique avoir eu de la fièvre : « Je n’avais pas d’autre symptôme, aucun signe de détresse respiratoire. Comme la fièvre durait depuis huit jours, il y avait peu de doutes sur le fait que j’avais le Covid. Le 26 mars, je suis donc parti à l’hôpital de Rambouillet. Dans ma tête, il s’agissait juste d’un contrôle. Je pensais qu’on allait me tester et me dire : vous avez bien le Covid-19, prenez ça et rentrez chez vous. Je n’avais même pas pris d’affaires personnelles. Dès l’auscultation au stéthoscope ils ont vu que les poumons étaient touchés« . Le soir même, le journaliste reste donc à l’hôpital.
Vingt-huit jours terribles à l’hôpital
A l’hôpital, Vincent Duluc y passera 28 jours : « Dans ma situation, respirer est devenu une obsession. J’ai eu parfois besoin de 90 % d’oxygène extérieur. Ils voyaient sans cesse les conséquences dramatiques de l’intubation et, pour l’éviter, ils m’ont demandé si j’étais prêt à rester trois jours et trois nuits sur le ventre. Je les en remercie encore. Pendant trois semaines, je n’ai quasiment pas dormi. Je n’avais pas envie, je refusais. Parfois, il fallait aussi rester trois heures avec un respirateur spécial, alors qu’on pensait au début qu’on n’allait pas tenir cinq minutes. Je suis sorti de l’hôpital avec 20 kg de moins, les jambes de Tigana et en ayant besoin d’une chaise au milieu pour pouvoir aller de ma chambre à la salle de bains« .
Ce qui m’a aussi sauvé, c’est de ne pas avoir été intubé, c’est évident
Il le dit, Vincent Duluc a été aidé moralement, par tout le monde : « Je n’ai été déçu ni par le milieu du journalisme, ni par celui du foot. J’ai reçu des centaines et des centaines de SMS, mails, WhatsApp, je ne sais pas combien au total… De personnes que je côtoie régulièrement, et d’autres très rarement. Si des gens se demandent si c’est utile, un message : oui, ça compte et ça fait du bien. C’est un peu bateau, mais ce qui me reste de tout ça, c’est le soutien incroyable du personnel de l’hôpital. Les soignants, mais aussi les non-soignants. Quand ils venaient dans la chambre pour s’occuper de moi, il fallait à chaque fois qu’ils mettent une surblouse, une charlotte, un masque, parfois une visière et des gants, même si j’avais besoin de trois fois rien. En rentrant dans ma chambre, l’un ou l’autre m’encourageait en me touchant le bras ou l’épaule… Ce qui me reste, c’est leur dévouement : apprendre que la plupart d’entre eux travaillaient douze heures d’affilée sans pouvoir manger, qu’un médecin à la retraite était revenu à l’hôpital pour aider, qu’un collègue venant d’un autre service découvrait pour la première fois la réa… Ces personnes sont formidables et, malheureusement, on ne s’en rend compte que dans ces moments-là« , assure, courageux, Vincent Duluc.
Très touché par vos centaines de message, je ne peux répondre à toutes et tous, mais j’ai lu chacun d’entre eux et vous en remercie chaleureusement. Et aussi: tout m’a rappelé, depuis un mois, pourquoi mon journal s’appelle @lequipe . Merci à toutes et tous.
— vincent duluc (@vincentduluc) April 24, 2020