Une campagne pour libérer les otages détenus par le Hamas
Une campagne incite la cheikha Moza, mère de l'émir du Qatar, à tout faire pour libérer les otages israéliens détenus par le Hamas.
Elle est surnommée la « Cléopâtre qatarienne ». La cheikha Moza bint Nasser est la mère de l’émir Tamim, mais représente surtout un atout charme et influence pour le Qatar, dans sa version moderne. Avec 1,3 million de followers sur Instagram, la mère de l’émir a multiplié les plaidoyers pour l’éducation, lorsqu’elle était envoyé spéciale de l’UNESCO. Assez remarquable, dans un pays habituellement pointé du doigt pour son conservatisme, ses liens avec les Frères musulmans et le Hamas.
Depuis janvier, la cheikha Moza est la cible d’une campagne de soutien aux otages israéliens. Une pétition, qui réunit près de 5 000 signataires, demande notamment à la dignitaire qatarienne d’« exercer son autorité pour la libération immédiate des 136 otages détenus à Gaza par le Hamas ». John Anderson, président de l’ONG Citizens of Humans Lives, estime que « la vie et le bien-être de ces otage reposent entre vos mains, et leur sécurité est une préoccupation majeure. Il est essentiel d’agir rapidement pour garantir leur retour rapide et en toute sécurité auprès de leur famille et de leurs proches ».
Le Qatar, entre financement du Hamas et rayonnement international
Une façon de mettre la pression sur le petit émirat et de la confronter à sa double identité, mélangeant modernité et conservatisme. Car le Qatar est le principal financier du Hamas, depuis la rupture brutale avec le Fatah en 2007, et il accueille ouvertement ses dirigeants depuis 2012 et leur renvoi de Damas.
Sur son site, les initiateurs de la campagne « It’s in your hand » pointent du doigt l’attitude ambiguë du Qatar : « la cheikha Moza bint Nasser du Qatar se présente comme une championne des causes humanitaires, peut-on lire, mais sous la surface se cache une réalité troublante. (…) Son implication dans le sort des otages, dont huit Américains, détenus à Gaza révèle un contraste frappant avec son image publique ».
Depuis son lancement en janvier dernier, la campagne a pris beaucoup d’ampleur sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, où l’on comptabilise des dizaines de milliers de likes et des centaines de milliers de partages. Sur X, l’ex-Twitter, de nombreux messages ont en revanche été censurés. « Le Qatar est connu pour employer plusieurs cabinets d’avocats, des groupes de pression et spécialisés dans les relations publiques chargés aujourd’hui de réprimer la campagne », révèle un spécialiste de l’émirat.
Mais Citizens of Humans Lives est bien déterminé à continuer d’apostropher la mère de l’émir du Qatar. « Entre le financement des organisations islamistes comme le Hamas et la volonté de montrer une image progressiste sur la scène mondiale, le Qatar est bien embêté, poursuit notre spécialiste. Cette campagne met en lumière les contradictions de ce pays et les limites de la liberté d’expression ».