Un traitement courant contre l’acné associé à une réduction de 30 % du risque de schizophrénie

Image d'illustration. Adulte acnéADN
Selon une récente étude, l’utilisation courante d’un médicament anti-acné serait associée à une diminution notable du risque de développer la schizophrénie, avec une baisse estimée à 30 % chez les personnes concernées.
Tl;dr
- Doxycycline associée à un risque réduit de schizophrénie.
- Effet observé chez les adolescents suivis en psychiatrie.
- Des recherches supplémentaires restent nécessaires.
Doxycycline : une piste inattendue contre la schizophrénie ?
La recherche médicale vient d’ouvrir une porte inattendue : selon une vaste étude menée par l’Université d’Édimbourg, l’antibiotique largement prescrit contre l’acné, la doxycycline, serait lié à une baisse du risque de développer une schizophrénie. Les conclusions, qui ne peuvent encore établir de lien de cause à effet, pourraient néanmoins orienter de futures approches préventives pour cette maladie complexe touchant plus de 23 millions de personnes dans le monde.
Une analyse inédite sur plus de 56 000 dossiers finlandais
Le psychiatre pour enfants et adolescents Ian Kelleher, épaulé par une équipe internationale, s’est plongé dans les données médicales de plus de 56 000 jeunes nés en Finlande entre 1987 et 1997. Tous avaient fréquenté des services spécialisés en santé mentale durant l’adolescence et s’étaient vus prescrire des antibiotiques. Résultat marquant : ceux traités avec de la doxycycline présentaient un risque réduit de 30 à 35 % d’être diagnostiqués schizophrènes dix ans plus tard, soit un passage de 2,1 % à seulement 1,4 %.
Des mécanismes biologiques à élucider
Même si les chercheurs restent prudents – « Les données observationnelles ne permettent pas d’établir une causalité directe » –, ils avancent quelques pistes pour expliquer ce phénomène. La doxycycline, capable de traverser la barrière hémato-encéphalique, pourrait agir sur l’inflammation cérébrale ou moduler la réponse immunitaire, facteurs soupçonnés dans l’apparition des symptômes psychotiques. D’autres études, notamment sur la minocycline (antibiotique apparenté), ont déjà montré que ces molécules pouvaient limiter la destruction excessive des connexions neuronales impliquée dans la maladie.
Par ailleurs, un récent travail danois a mis en lumière qu’une exposition à la doxycycline était associée à un taux plus faible d’accès à la pension d’invalidité chez des patients schizophrènes.
Nouvelles perspectives pour la prévention précoce
Le constat est sans appel : près d’un cas sur deux de troubles psychotiques chez les jeunes Finlandais survient après un suivi psychiatrique à l’adolescence. Or, aucun traitement préventif reconnu n’existe actuellement pour limiter le risque évolutif vers la schizophrénie dans cette population vulnérable. Cette série d’observations soulève donc un espoir modéré, mais réel pour les équipes soignantes et les familles concernées.
À retenir, selon les auteurs :
- Doxycycline pourrait ouvrir « d’importantes perspectives thérapeutiques pour prévenir les troubles mentaux futurs ».
Il faudra cependant attendre des essais cliniques approfondis avant d’envisager ce traitement comme une solution préventive solide.