Tunisie : vote d’une loi « historique » contre les violences faites aux femmes
Mercredi, le Parlement tunisien a voté une loi contre les violences faites aux femmes, en exposant notamment de nouveau les violeurs présumés à des poursuites et ce même s'ils épousent leur victime mineure présumée.
La ministre de la femme, de la famille et de l’enfance Naziha Laabidi a reconnu son émotion face au vote d’un projet qu’elle qualifie d’« historique ». Mercredi, le Parlement de Tunisie a ainsi adopté, à l’unanimité des 146 députés présents (sur un total de 217 élus), un texte majeur contre les violences faites aux femmes.
Majeur car revoyant l’article 227 bis du Code pénal pour le moins discuté, comme le rappelle CNEWSMatin.fr. Jusqu’à hier, il permettait à un individu masculin accusé « d’acte sexuel sans violences » à l’encontre d’une mineure de moins de 15 ans d’échapper à des poursuites, et ce en épousant sa victime présumée.
Les violeurs présumés n’éviteront plus des poursuites en Tunisie
Ces suspects ne pourront désormais plus se soustraire à de telles démarches judiciaires même par le biais de ces mariages. La loi votée inclut également la mise en place d’une assistance juridique et psychologique pour les victimes de viols.
Toujours dans l’objectif apparent de rétablir un équilibre entre les hommes et les femmes dans la société tunisienne, un programme spécifique va de même être dispensé dans les écoles, visiblement dès le plus jeune âge, afin d’inculquer aux enfants les principes des droits humains ainsi que l’égalité entre les genres. Le respect de la Constitution adoptée en 2014 et qui stipulait notamment que « les citoyens et citoyennes sont égaux en droits et en devoirs » n’est ainsi qu’assez peu observé depuis.
Violences faites aux femmes : « une question qui concerne maintenant l’État »
La députée Bochra Belhaj Hmid s’est réjouie que la question des violences faites aux femmes ait quitté la sphère du domicile ou de la famille : « Ce qui se dégage de la philosophie de la loi, c’est que ces violences ne sont plus une question privée. C’est une question qui concerne maintenant l’État. La preuve, c’est que le retrait de la plainte n’arrête plus les poursuites ».