Tunisie : des associations veulent faire retirer le décret interdisant d’épouser des non-musulmans
En Tunisie, une soixantaine d'associations appellent au retrait d'une circulaire datant de 1973 et interdisant aux femmes d'épouser des non-musulmans. Un texte apparaissant ainsi en contradiction avec la Constitution de 2014 sur la liberté de conscience.
Comme d’autres pays musulmans, la Tunisie interdit à ses femmes de se marier avec des hommes n’étant pas musulmans, et ce depuis l’application d’une circulaire du ministre de la Justice datée de 1973. Pourtant, en ce lundi, une soixantaine d’associations dénoncent le cœur de ce texte, et d’appeler ainsi à son retrait.
Wahid Ferchichi appartient à l’Association tunisienne de défense des libertés individuelles (Adli). Cité par Jeune Afrique, il trouve pour commencer regrettable que cette circulaire considère les Tunisiennes comme étant a priori de confession musulmane, puisqu’en effet, « aucun certificat ne prouve la religion ».
Non-musulmans en Tunisie : un certificat pour le mariage
L’autre problème soulevé par ce texte est, ajoute Wahid, son aspect contradictoire vis-à-vis de la Constitution de 2014, laquelle loue ainsi la liberté de conscience et l’égalité entre les citoyens. À l’heure actuelle, si une Tunisienne désire se marier avec un homme non-musulman, ce dernier doit présenter un certificat de conversion.
Et dans la situation d’un mariage célébré à l’étranger entre une Tunisienne et un non-musulman sans présentation de ce document, l’union ne peut être validée en Tunisie. La juriste Sana Ben Achour, par ailleurs présidente de l’association Beity, estime qu’« il est aujourd’hui inadmissible qu’une simple circulaire, de valeur juridique quasiment nulle […], commande la vie de milliers [de Tunisiennes] ».
Un retrait de la circulaire espéré pour novembre 2017
Le collectif des associations en désaccord avec la circulaire de 1973 émettent le souhait d’un retrait du texte pour novembre prochain. Elles désirent ainsi pouvoir rencontrer les ministres de la Justice, de l’Intérieur de même que le président de la République pour, en premier lieu, discuter sur le sujet.
Alors qu’un colloque est également prévu à ce titre, ces associations aspirent aussi à sensibiliser l’opinion publique sur une question qui ne sera, de toute façon, pas la dernière à être débattue quant à la place de la femme dans la société tunisienne.