Le Pen rend hommage aux agriculteurs “abandonnés” par l’UE
Dans le cadre bucolique d’une ferme du Morbihan, Marine Le Pen a rendu hommage jeudi “aux valeureux agriculteurs”, “abandonnés” selon elle tant par ses rivaux Emmanuel Macron et François Fillon que par l’Union européenne, rendue coupable de tous les maux.
“Si j’ai choisi de venir dans votre village, ce n’est pas un hasard”, a justifié Marine Le Pen, revendiquant ses “origines” bretonnes, devant un millier de personnes réunies dans un hangar d’une exploitation agricole à La Trinité-Porhoët.
Devant des drapeaux tricolores et ou portant l’inscription “Marine présidente”, elle s’en est prise à “la désertification” rurale et à “l’abandon du pouvoir, qu’il soit de droite ou de gauche”.
Mais entourée de ballots de paille, après le grand oral de la FNSEA le matin à Brest, la visite d’une exploitation porcine l’après-midi à Pordic (Côtes-d’Armor), et avant une rencontre avec des pêcheurs vendredi, sa thématique lors de ces deux jours en Bretagne était surtout agricole.
“C’est un hommage appuyé que je veux rendre (aux agriculteurs), ils le méritent cent fois, mille fois”, a lancé Mme Le Pen sous les applaudissements.
Tout au long de sa journée, elle a répété sa proposition phare sur le sujet: “francisation” des aides de la Politique agricole commune (PAC) pour que leur distribution ne soit plus “décidée par les technocrates de Bruxelles qui n’ont jamais vu de truie à moins de 100 km”.
“Nos enfants ont le droit de manger les produits français de nos agriculteurs français”, a tonné la dirigeante d’extrême droite.
Mme Le Pen s’en est pris vertement à ses adversaires “tous responsables de la situation catastrophique que nous connaissons (…). Qui va faire son mea culpa ? Aucun!”, a-t-elle asséné.
“C’est pas eux?! C’est personne?!”, a-t-elle accusé, pointant d’abord ses deux principaux adversaires dans les sondages, MM. Macron et Fillon.
“Ils ont le culot de nous faire croire qu’ils seraient tous anti-système (…) Fillon, Macron, la rupture ? Une belle escroquerie !”, s’est indignée la fille de Jean-Marie Le Pen sous les vivats.
D’ailleurs, “ils envisagent déjà de gouverner ensemble (…) Valls, soutien de Macron, propose des compromis avec Fillon”, a-t-elle dit, après que l’ancien Premier ministre de François Hollande s’est dit prêt à des “compromis” avec celui de Nicolas Sarkozy si celui-ci parvenait à l’Elysée.
“Il n’y a pas une feuille de papier à cigarette qui les sépare” pour la contemptrice de “l’UMPS”.
Effondrement
“Et pourtant, ils sont responsables comme est responsable l’UE”, a-t-elle lancé, embrayant sur les reproches à l’égard de Bruxelles, rendu coupable de la PAC, de l’immigration et de ses ravages supposés en Bretagne, et de manière plus générale de “l’effondrement” dans “chaque domaine”.
“La Bretagne est affectée par un nouveau fléau, la délinquance qui ne cesse de monter d’année en année. L’arrivée des migrants n’y est pas pour rien”, et “ce n’est pas le joli conte de fées à l’eau de rose que certains prétendent parfois”, d’après Mme Le Pen.
Les migrants, si elle était élue, “ne trouveront rien en France, ni les papiers les régularisant, ni les soins gratuits auprès des contribuables, ni les divers privilèges et droits qu’on leur a accordés”.
Pour maîtriser les frontières, Emmanuel Macron et François Fillon “ne savent pas comment faire. Moi je sais comment faire… alors je leur conseille de voter pour moi”, a-t-elle ironisé.
Donnée au coude-à-coude avec M. Macron en tête des sondages de premier tour, Mme Le Pen a dit percevoir “tous les signes de progressions de nos idées” en Bretagne.
Une terre de mission ? “Ce n’est plus vrai, manifestement”, s’est-elle félicitée.
Un sondage Cevipof/Ipsos mi-mars la plaçait ex-aequo à la deuxième place avec François Fillon récoltant 18% des suffrages bretons… douze points derrière M. Macron.