Sur Mars, la mission du rover Perseverance est plus pertinente que jamais
La mission de Perseverance révèle ses premières conclusions. Le cratère Jezero a bien abrité un lac fermé, mais d'autres questions se posent.
Le rover Perseverance de la NASA est en mission sur Mars depuis quelque temps maintenant, collectant des échantillons de roches, réalisant des mesures ici ou là, sur sa zone de travail. Et au fur et à mesure de ses découvertes, la pertinence de sa mission ne fait que croître. L’existence d’un lac fermé, comparable en taille au Lac Léman, entre 3,6 et 3 milliards d’années, ne semble plus faire de doute.
La mission de Perseverance révèle ses premières conclusions
C’est notamment grâce à l’instrument Supercam, une caméra construite en France, que l’on a pu identifier des strates de sédiments, “très bonnes candidates pour retrouver des traces de vie passée”, expliquait Nicolas Mangold, pour le CNRS, lors de la présentation à la presse des résultats de la première étude depuis l’atterrissage de Perseverance. Formées sur butte baptisée Kodiak, ces strates sont des “dépôts fins de type argileux ou sableux, qui ont plus de facilité à préserver de la matière organique”. Mais il pourrait tout aussi bien provenir de “matière carbonée inerte”, déposée par exemple par des comètes.
Le cratère Jezero a bien abrité un lac fermé
Toujours est-il que “c’est ce type de matière qu’on retrouve dans les profondeurs du sol terrestre et les dépôts de sédiments de delta. D’où la confirmation de l’intérêt du cratère Jezero pour l’exobiologie”, précise Sylvestre Maurice, de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de l’Université Paul Sabatier à Toulouse. Et “tout exobiologiste rêverait évidemment de trouver des matières organiques produites par le vivant sur Mars”, s’emportait Christian Mustin, expert du sujet au célèbre Centre national d’études spatiales (CNES).
Cette première étude dégage en tous les cas deux points. L’un est positif, Jezero était un lac fermé. Cela signifie que le niveau fluctuait. Autrement dit, “des endroits étaient alternativement à l’air libre et sous l’eau, donc privilégiés pour des formes de vie”. Mais cet avantage est aussi un inconvénient. Un système clos est “moins dynamique et son activité hydrologique est moins longue que celle d’un lac qui aurait perduré avec une rivière sortant de l’autre côté.”
Dernière constatation, qui soulève son lot de question : la présence de gros galets et blocs rocheux. Ceux-ci sont les signes de forts courants fluviaux. Autrement dit, il y aurait eu un changement climatique majeur à la fin de cette période lacustre du cratère. “Quel climat a pu générer cette transition ? Une aridification, une glaciation ? C’est ce que nous cherchons.” Espérons que le retour de ces échantillons sur Terre à l’horizon 2030 et les autres missions, en cours et à venir, sur la planète rouge permettront d’y répondre.