Soudan : condamnée à mort pour le meurtre de son mari qui l’avait violée
Fin avril, la justice soudanaise a condamné une femme de 19 ans à la peine de mort pour avoir tué son mari qui l'avait violée avec la complicité de ses frères et d'un cousin. L'ONGI Amnesty International a dénoncé cette décision, "d'une cruauté intolérable".
Le drame que connaît actuellement Noura H., adolescente vivant au Soudan, débute quand son père décide de la marier à Abdulrahman H. à l’âge de 16 ans. Car quand, en avril 2017, elle est contrainte de s’installer avec cet homme, elle refuse de consommer le mariage.
Abdulrahman ne supporte qu’assez longtemps cette situation, car le 2 mai de cette même année, il demande à deux de ses frères et à un cousin de l’aider à tenir Noura, lui permettant ainsi de la violer. Le lendemain, l’homme souhaite réitérer son geste, mais Noura parvient à échapper à son emprise et à s’emparer d’un couteau dans la cuisine. Le Parisien rapporte que c’est en tentant de se défendre qu’elle a poignardé son mari, lequel ne s’en est plus jamais relevé.
Condamnée à mort pour avoir tué son mari violeur au lieu d’une compensation financière
Quand l’adolescente retrouve sa famille, c’est pour être dénoncée par son père. En juillet 2007, elle est reconnue coupable d'”homicide volontaire”, le juge ayant alors appliqué une ancienne loi où le viol conjugal n’est pénalement pas puni. Le 29 avril 2018, Noura a été déclarée coupable de meurtre, avant que sa condamnation à mort ne soit prononcée ce jeudi.
On apprend que la famille du mari avait le choix entre une condamnation à mort et une compensation financière.
Une décision “d’une cruauté intolérable” pour Amnesty International
Le verdict rendu peut être contesté en appel dans un délai de dix jours. Il est en tout cas depuis largement dénoncé, notamment par l’ONGI Amnesty International. Par voie de communiqué, son directeur régional adjoint Seif Magango a ainsi déclaré que “Noura […] est une victime et [que] la peine prononcée à son encontre est d’une cruauté intolérable”.
Il ajoute que “la peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant. L’appliquer à une victime ne fait que souligner l’échec des autorités soudanaises à reconnaître la violence qu’elle a endurée”. Un mouvement de soutien #JusticeforNoura s’est mis en place sur les réseaux sociaux et une pétition lancée pour appeler le gouvernement soudanais à annuler cette condamnation. Un texte qui, à l’heure où sont rédigées ces lignes, n’est pas loin des 90.000 signataires.