Rencontre Trump-Poutine : l’Alaska, héritage russe au cœur des États-Unis

Image d'illustration. Montagnes majestueuses d alaskaADN
Alors que Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontrent lors d’un sommet, l’Alaska attire l’attention par ses liens historiques particuliers avec la Russie. Héritage culturel, histoire partagée et présence russe marquent encore ce territoire américain singulier.
Tl;dr
- Sommet Trump-Poutine prévu en Alaska.
- Héritage russe encore visible : églises, langue, voisinage.
- Relations russo-américaines, surveillance accrue dans la région.
Une histoire partagée et des frontières rapprochées
Il arrive parfois que l’actualité ravive les souvenirs du passé. Le choix de l’Alaska pour accueillir le sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, prévu le 15 août, n’a rien d’anodin. Cette région, située à la lisière de l’Arctique, conserve une proximité géographique singulière avec la Russie.
D’ailleurs, comme le rappelait en son temps Sarah Palin, « on peut même voir la Russie depuis une île en Alaska ». Dans le détroit de Béring, deux îles – la grande Diomède russe et la petite Diomède américaine – ne sont séparées que par quatre kilomètres d’eau glacée.
L’héritage russe toujours vivant
Le passé russe de l’Alaska ne se limite pas à sa vente controversée en 1867 pour 7,2 millions de dollars par Moscou à Washington. La région garde des traces profondes de ce passé colonial. Dès le XVIIIe siècle, c’est un Danois au service des tsars, Vitus Béring, qui ouvre cette porte vers l’Amérique. Les Russes s’y installent pour exploiter massivement les fourrures de phoque et de loutre, ce qui finira d’ailleurs par épuiser ces populations animales et fragiliser la colonie.
Au fil du temps, certains vestiges subsistent : plus de trente-cinq églises orthodoxes historiques parsèment encore les côtes. Leur architecture typique témoigne d’un héritage religieux solidement ancré. Le diocèse orthodoxe local revendique même le titre de plus ancien d’Amérique du Nord. À Kodiak, un séminaire rappelle cette continuité spirituelle.
Langue et culture sous influences croisées
La présence russe a longtemps imprégné aussi la vie quotidienne des communautés autochtones. Un dialecte hybride, mêlant russe et langues locales autour d’Anchorage, a persisté plusieurs décennies avant de s’éteindre presque complètement.
Pourtant, dans une école rurale fondée par les « vieux-croyants » près des glaciers de la péninsule de Kenai – ces orthodoxes issus d’un schisme du XVIIe siècle –, le russe demeure vivant : une centaine d’enfants y apprennent encore la langue aujourd’hui.
Tensions latentes et voisinage sous surveillance
Ce voisinage si particulier ne va pas sans tensions récurrentes entre les deux grandes puissances. Depuis plusieurs années, l’armée américaine annonce régulièrement intercepter des avions russes rôdant non loin de son espace aérien alaskien. En octobre 2022, deux citoyens russes sont même venus chercher asile sur l’île américaine de Saint-Laurent pour fuir la mobilisation liée à la guerre en Ukraine – illustration tangible d’une frontière poreuse malgré tout. Pourtant, comme ironisait récemment Poutine, « la Russie n’est pas intéressée par une reprise de l’Alaska, où il fait froid aussi ».
Voici donc comment cette terre arctique reste un trait d’union discret mais persistant entre Moscou et Washington – jusqu’au sommet prochain.