Remaniement ministériel : Sébastien Lecornu choisit de ne pas recourir à l’article 49.3

Image d'illustration. Vue imprenable de la façade de l assemblée nationale à parisADN
Sébastien Lecornu a annoncé qu’il n’envisageait pas de recourir à l’article 49.3 dans le cadre de la formation du nouveau gouvernement. Cette décision marque un choix d’apaisement sur la méthode législative et le dialogue parlementaire.
Tl;dr
- Lecornu renonce au 49.3 pour le budget.
- Recherche active de compromis politiques.
- Un projet de loi Finances maintenu avant le 31 décembre.
Une annonce politique inédite
Dans un climat politique tendu, Sébastien Lecornu, tout juste nommé Premier ministre, a surpris en déclarant qu’il n’utiliserait pas l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour l’adoption du prochain budget. Un choix rare sous les gouvernements d’Emmanuel Macron, où cette procédure controversée — permettant de faire passer un texte sans débat à l’Assemblée — avait été utilisée à maintes reprises.
Ce vendredi 3 octobre 2025, c’est donc un virage assumé qui s’opère : « Cela ne doit pas nous faire renoncer à ce que la France ait un budget au 31 décembre », insiste-t-il avec une fermeté peu commune.
Vers une nouvelle méthode de gouvernance ?
Loin des manœuvres habituelles, Lecornu entend privilégier la recherche de compromis plutôt que l’affrontement. Plusieurs journées intenses de consultations ont déjà eu lieu. Dans les coulisses, il évoque avoir « commencé à tracer des chemins qui permettent de trouver des compromis. J’y reviendrai lors de ma déclaration de politique générale. Dans le secret du bureau, les compromis sont possibles et les conversations, toujours sincères ».
Une manière subtile d’affirmer sa volonté d’ouvrir le jeu politique, même si le Premier ministre avertit : « D’autres ruptures à venir » sont envisageables.
Le budget, une priorité inchangée
Pour autant, l’exécutif n’entend pas lâcher prise sur un point central : le dépôt d’un projet de loi Finances avant la fin de l’année reste impératif. Pas question pour lui d’abandonner l’objectif fixé : « Il devra y avoir un projet de loi Finances au 31 décembre », martèle encore Sébastien Lecornu.
Il rappelle également que dès lors que les discussions parlementaires se poursuivent sans interruption, plus aucun argument ne peut justifier leur suspension :
- Poursuite des débats parlementaires sans recours au passage en force.
- Nécessité d’une justice fiscale dans les réformes.
Cette orientation s’inscrit dans une réflexion sur la réforme en cours : selon ses mots, tout n’est pas affaire d’opposition frontale – ni «pour ou contre la réforme des retraites», ni «la taxe Zucman ou rien». La question centrale serait celle d’une véritable justice fiscale.
Entre rupture et continuité institutionnelle
À travers cette décision inattendue, Lecornu donne ainsi le ton d’une séquence politique marquée par la volonté d’apaisement et de dialogue… sans toutefois renoncer aux fondamentaux du pouvoir exécutif. Un équilibre délicat entre innovation dans la méthode et maintien des priorités budgétaires nationales.