Raphäl Yem coprésentateur avec Daphné Bürki de ‘L’Emission’ sur la chaîne Culturebox : “Avec Daphné, ça a matché immédiatement” (Interview)
Présentateur sur France 3 d'"Ensemble c'est mieux !" et présent sur la chaîne 100 % culture 'Culturebox', Raphäl Yem a répondu aux questions 'TV' de Lionel Durel pour 24matins.fr.
Lionel Durel pour 24matins.fr : Tu présentes pour ‘France Télévisions’ 2 émissions : ‘Ensemble c’est mieux !’ sur France 3 et ‘L’Émission’ sur la chaîne Culturebox. Où-est ce que tu prends le plus de plaisir même si les deux rendez-vous sont différents ?
RaphälYem : Les exercices ne sont pas si différents … Sur ‘France 3 Paris IDF’, je mets la lumière sur des citoyens et des citoyennes positifs, qui oeuvrent pour les autres via leurs initiatives solidaires, leurs associations. Sur ‘Culturebox’, on reçoit des artistes qui le font par leur musique, leur danse, leurs créations. Les premiers n’ont pas l’habitude qu’on les mette en avant, les seconds sont actuellement privés de scène, ou de salles. Dans les deux cas, on accueille avec empathie, et l’idée étant qu’ils puissent expliquer ce qu’ils font, ou comment ils créent du lien, ou plutôt, comme ils le maintiennent, ce fameux vivre-ensemble.
Entre deux ‘personnages décalés’, toi et Daphné Bürki, comment cela se passe sur Culturebox ? (vous vous connaissiez avant ?)
Ca a matché immédiatement avec Daphné, pareil que s’il existait une appli de rencontres pour animateurs TV ! On s’était déjà croisés quelques fois, mais je n’aurais jamais imaginé avoir la chance de former un duo avec elle. On est un peu les Bonnie & Clyde de la culture, sauf que ça finira mieux !
Qu’as-tu appris aux côtés de Daphné Bürki ?
On a en commun une sincère curiosité, une gourmandise pour la culture, toutes les cultures, toutes les disciplines, et la bienveillance. C’est le maître mot. Ce que j’apprends de Daphné Bürki ? C’est qu’on peut être très connue, et garder ces qualités essentielles. Celles du service public. En plus, tout en étant extrêmement drôle !
Une autre animatrice ou animateur avec qui tu aimerais animer en duo ?
J’ai déjà eu la chance de co-animer une émission de débats citoyens avec Sonia Chironi, à l’époque de ‘Flashtalk’, pendant 5 saisons. Un prime avec Laurie Cholewa à l’époque de France Ô. Je co-anime actuellement l’émission culturelle mensuelle Renversant avec la fabuleuse Elise Chassaing, pour ‘France 3 Centre de Val de Loire’. Et maintenant Daphnée Burki, pour l’instant, je ne peux rêver mieux.
En février, 4 millions de personnes sont venues passer une tête tous les jours
Cette émission est très importante voire primordiale pour les artistes aujourd’hui privés de scène. As-tu déjà eu des ‘remerciements’ de leur part pour leur avoir offert cet espace d’expression ?
Cette chaîne de ‘France Télévisions’, et cette émission montée en 2 semaines, est de fait devenue la plus grande scène ouverte de France ! On a des retours dithyrambiques ! Des artistes évidemment, de la France entière (sans jamais oublier les périphéries, les régions, les outremers), tellement contents de retrouver une scène sur laquelle ils peuvent performer, et montrer ce qu’ils font, car la culture n’a jamais été plus vivante que maintenant. Et retours du public ! On le voit avec les centaines de messages journaliers, mais aussi avec les chiffres : en février, 4 millions de personnes sont venues passer une tête tous les jours.
L’émission aura-t-elle un avenir après la pandémie puisque la chaîne ‘Culturebox’ est éphémère. Vas-tu tout faire pour qu’elle continue ? (En as-tu discuté avec Daphné et la direction de la chaîne ?)
Il faut surtout espérer que les salles de spectacle, les théâtres, les clubs, les cinémas, les festivals, les musées, puissent de nouveau accueillir leurs publics en toute sécurité. L’équipe de ‘Culturebox’ fera une fiesta de ouf quand ce sera le cas, on se l’ait promis depuis le début de cette aventure … Mais si par la suite, notre émission qui dit-on, a quelque chose de cool, peut continuer à faire briller le spectacle vivant où qu’il soit, alors on se rendra dispo.
C’était le rôle d’un groupe comme ‘France Télévisions’ de donner de la visibilité aux artistes avec un nouveau rendez-vous proposé pour cette exceptionnelle circonstance ?
C’est un exploit que France Télévisions, nos dirigeants, Delphine Ernotte, Stéphane Sitbon-Gomez, Michel Field et leurs équipes, aient pu monter cette chaîne en … 15 jours ! Une performance soulignée par plusieurs médias étrangers, de la Norvège à la Suisse, en passant par l’Allemagne ou Dubaï, qui sont venus faire des reportages sur cette initiative. Et c’est le rôle qu’endosse le service public : servir tous les publics, en proposant une chaîne qui rassemble, qui fédère autour de la culture, du spectacle vivant, sans oublier personne.
Je pense aux copines, aux copains, talentueux qui n’ont pas l’opportunité de bosser en ce moment
Raphäl Yem, le groupe ‘France Télévisions’ mise beaucoup sur toi dans le futur…Quel programme aimerais-tu un jour présenter et aujourd’hui, es-tu heureux de ce que tu fais à la télévision ?
Je pense aux copines, aux copains, talentueux, méritants, qui n’ont pas l’opportunité de bosser en ce moment… Je suis un animateur heureux, parce que conscient de ma chance, et que j’ai beaucoup travaillé, et que je travaille encore beaucoup pour essayer de rester au niveau. J’espère pouvoir le mieux possible continuer à incarner des formats aussi utiles.
Tu animes une quotidienne sur France 3 Paris Île-de-France “Ensemble c’est mieux !”. Tu peux la présenter un peu plus dans le détail ? Pourquoi la regarder ?
40 minutes quotidienne, le matin, du lundi au vendredi, pour vous convaincre qu’Ensemble, c’est mieux ! On discute ensemble d’un sujet de la vie quotidienne : ça peut être le surendettement, l’immobilier, une façon alternative de prendre soin de soi, la vie dans nos quartiers et nos villages en IDF … On vous propose aussi des offres d’emploi dans le coin, en vous racontant un métier différant chaque jour pour vous inspirer, parce que l’emploi est une priorité. Et on vous présente un voisin, une voisine du jour : ils sont associatifs, entrepreneurs innovants, sportifs de haut niveau, artistes solidaires, des héros et des héroïnes de la vie de tous les jours, qui vivent près de chez nous, humbles, et qui méritent qu’on parlent de ce qu’ils font.
Si je te classifie de “journaliste-citoyen”, ça te va ?
Oui très bien, je n’ai pas le parcours classique d’un journaliste, je n’ai d’ailleurs pas de carte de journaliste, et la seule école que j’ai faîte, c’est celle du terrain, de l’associatif. J’ai commencé dans le métier par un stage dans la radio associative de mon quartier, en Normandie, et en photocopiant moi-même le journal que j’avais fabriqué.
‘Culturebox’ sur la TNT, une quotidienne sur ‘France 3 Paris’. Rêves-tu d’avoir une exposition encore plus forte sur une chaîne comme France 5 ou France 2 ?
Je ne suis pas propriétaire de ces émissions, et s’il y a une chose que j’ai apprise de ce métier, c’est sa précarité. Alors il faut toujours bien réfléchir aux opportunités qui se présentent : ce qui m’importe, c’est d’apporter quelque chose de plus au groupe ‘France Télévisions’ dans son ensemble. Et vous, pensez-vous que j’ai ma place sur les chaînes que vous venez de citer ?
Quels programmes tu ne rates jamais à la télévision ?
Le Sidaction, le Téléthon, et plus récemment Secours Pop : la grande soirée, avec ma chère Daphné justement. Sinon, je ne rate jamais les rediffusions de ‘J’irais dormir chez vous’ et celles de ‘Maison à vendre’ avec Stéphane Plaza.
Tu dis avoir grandi dans un environnement sans média…Quel fut donc l’élément déclencheur à ta vocation ?
Ma participation au journal de mon collège, ça s’appelait Savarignon, on le fabriquait au CDI, et j’ai commencé en faisant une BD sur un ninja (rires) ! J’ai été séduit par ce travail collectif, celui d’une rédaction, même composée par des ados, une prof et un documentaliste de REP.
Peut-on dire que c’est Mouloud Achour qui t’a aidé à démarrer, à te lancer réellement (sur MTV) et le journaliste Paul Amar…
J’avais interviewé Paul Amar pour un de mes journaux photocopiés. Il avait eu la classe d’accepter, alors que mon journal ne ressemblait à rien. Il avait aimé le sens éditorial qu’on lui avait donné. Et moi, ce que j’aimais dans son émission, ‘Etats Généraux’, alors sur France 5, c’était que des jeunes faisaient face à des politiques. Le lendemain de notre interview, son assistante m’appelait pour me demander de participer aussi à son émission : une super expérience pour moi ! Mouloud Achour est un journaliste qui m’a toujours épaté : on vivait les mêmes réalités, lui dans le 93, moi dans le 14, on avait les mêmes centre d’interet. Sauf que lui était plus près de Paris, où à l’époque, tout est centralisé. Je l’ai rencontré une première fois sur MTV, où avec China Moses, ils m’avaient invité à venir parler de mon journal, Fumigène. Je crois que c’est d’ailleurs ma première TV. Ensuite, quand Mouloud a quitté cette chaîne, la production s’est rappelé de moi pour devenir un des visages de la chaîne. Entre temps, j’avais bossé sur Canal+, notamment à La Matinale, à laquelle avait aussi participé Mouloud. C’est un vrai gentil, toujours de bon conseil, et une inspiration : il est l’un de ceux qui ont le mieux compris l’époque.
J’aime tous les médias, tant qu’ils me permettent de donner la parole à celles et ceux qui l’ont moins
Tu adores la radio, tu es passé par Nova, Mouv’, France Culture…Là aussi, as-tu des projets, des envies ? (Tu apprécies plus de travailler en radio ou télé ?)
J’aime tous les médias, tant qu’ils me permettent de donner la parole à celles et ceux qui l’ont moins, voire pas du tout. Je ne m’interdis pas de refaire de la radio un de ces jours : montrer ma tête n’est pas vital pour moi, même si je sais qu’un physique tel que le mien à l’écran, est chargé de symbole et d’espoir pour pas mal de gens qui nous regardent, ou qui aussi, ne regardaient plus la télé.
Tu es aussi à l’aise comme animateur que dans l’information. Au fond de toi, où te sens-tu le mieux ?
On peut tout faire, tant qu’on le fait sérieusement, et avec bienveillance.
Quelle personnalité des médias apprécies-tu pour son talent, son personnage, son expérience, sa carrière…
Michel Drucker, parce qu’on m’a quelques fois appelé le ‘Michel Drucker des quartiers’ (rires), mais aussi Mouloud Achour, Rokhaya Diallo, Harry Roselmack, Emilie Tran Nguyen, EnoraMalagré, Leïla Kaddour, Fred Lopez, Samuel Etienne, Oumar Diawara de Slash, Rachid Majdoub de Konbini, et toutes les personnes avec qui j’ai l’honneur de collaborer en ce moment, production et direction incluse : me mettre à l’antenne est à la fois un pari, et un message.
C’est toujours gratifiant d’être l’employé du mois
Si une personnalité (quelle qu’elle soit) devait parler en bien de toi dans les jours à venir, tu serais fier et heureux si cela venait de qui…?
Les gens qu’on croise dans la rue, au supermarché, dans le bus. Celles et ceux qui se retrouvent dans ce que je fais. Et puis mes patronnes et mes patrons, c’est toujours gratifiant d’être l’employé du mois.
Si ta carrière s’arrêtait demain, serais-tu satisfait ou manquerait-il quelque chose que tu n’aurais pas eu le temps de faire ?
Tout irait bien, je suis serein. Mes proches sont fiers de moi, je n’ai trahi aucun de mes interviewés, c’est le principal.
Le plus beau compliment qu’on puisse te faire sur ton travail ?
‘C’est utile ce que tu fais !’…
Finalement, dans ta vie, à quoi donnes-tu la priorité ?
A l’amour. Ça règle tous les soucis.
Ce soir à 20h10, retrouvez @Daphne_Burki01 @RaphalYem et leurs invité.e.s dans #Culturebox, l'émission.
À partir de 21h05, suivez le live de @BksJames and friends au @MogadorTheatre puis la grande @angeliquekidjo au @FEST_ST_DENIS
👉 canal 19 de la TNT https://t.co/x5LTuHFoGV pic.twitter.com/sedberkw1x— francetv culturebox (@ftvculturebox) March 27, 2021
- En février, 4 millions de personnes sont venues passer une tête tous les jours
- Je pense aux copines, aux copains, talentueux qui n’ont pas l’opportunité de bosser en ce moment
- J’aime tous les médias, tant qu’ils me permettent de donner la parole à celles et ceux qui l’ont moins
- C’est toujours gratifiant d’être l’employé du mois