Qui a bien pu construire cette structure en bois il y a 476 000 ans ?
Qui a bien pu construire cette structure en bois il y a 476 000 ans ? S'agirait-il de homo heidelbergensis ? D'autres hommes archaïques ?
Direction la Zambie, et plus précisément près de la rivière Kalambo. Des archéologues ont mis au jour une structure en bois vieille de… 476 000 ans ! Cela a de quoi étonner dans la mesure où la plus ancienne structure en bois connue à ce jour n’a “que” 9 000 ans et que les homo sapiens ne sont apparus qu’il y a environ 300 000 ans. Avec cette découverte, c’est toute notre connaissance des premiers hommes qui pourrait être bouleversée.
Qui a bien pu construire cette structure en bois il y a 476 000 ans ?
Une équipe internationale de chercheurs des universités de Liverpool (Angleterre), d’Aberystwyth (Pays de Galles) et de Liège (Belgique) a retrouvé plusieurs objets en bois dans un assemblage fait de deux rondins. Le tout était très bien conservé dans des dépôts pourtant gorgés d’eau. Ce qui est très étonnant dans la mesure où “les artefacts en bois survivent rarement au début de l’âge de pierre, car leur conservation nécessite des conditions exceptionnelles”. Ces deux morceaux de bois sont imbriqués l’un dans l’autre, reliés par une profonde entaille transversale de plus de 10 centimètres qui ne peut être non intentionnelle.
“Cette construction n’a pas d’équivalent connu dans le paléolithique africain ou eurasien.” Pour l’archéologue Veerle Rots, coautrice de l’article, elle est l’œuvre d’un hominidé, parce qu'”il y a des marques d’outils en pierre visibles sur le bois. Il s’agit de stries, d’encoches, etc.” Avec le peu d’éléments mis au jour, impossible de déterminer la structure générale utilisant ces deux morceaux, mais l’on sait que les populations de l’âge de pierre de Kalambo aménageaient leur environnement et n’étaient pas totalement nomades.
Cette construction laisse donc entrevoir des capacités techniques relativement avancées chez ces premiers hommes, capables qu’ils étaient de tailler des morceaux de bois pour les assembler. Pour Veerle Rots, c’est une découverte majeure : “Cela démontre que ces populations de chasseurs-cueilleurs qui sont nomades étaient soit un peu plus sédentaires durant certaines périodes de l’année, soit s’investissaient quand même dans la structuration de leur paysage en créant des structures à des endroits qui leur semblaient importants. On peut s’imaginer que cela concerne l’exploitation de la richesse autour de la rivière Kalambo. Cela implique aussi que ces populations préhumaines modernes avaient des capacités importantes au niveau du planning et de l’anticipation des besoins futurs.”
S’agirait-il de homo heidelbergensis ? D’autres hommes archaïques ?
En plus de ces deux rondins assemblés, les archéologues ont découvert quatre éléments en bois datant de 324 000 à 390 000 ans : un coin, un bâton de fouille avec une pointe, une bûche coupée et une branche entaillée. Autant de signes que le site de Kalambo a été occupé à plusieurs reprises pendant la préhistoire.
Pour pouvoir dater précisément leur découverte, les chercheurs n’ont pu utiliser le carbone 14, celui-ci ne permettant de remonter au-delà de 50 000 ans. Les scientifiques ont analysé les sédiments dans lesquels ces éléments en bois étaient enfouis : “La structure a été datée grâce à la datation du sédiment dans lequel la structure se trouve. Il s’agit d’une méthode de datation par luminescence. Cette méthode permet de dater la dernière exposition au soleil des grains de quartz ou de feldspath. Il s’agit d’une méthode fiable pour dater le matériel qui se trouve dans les mêmes couches.”
Comme c’est souvent le cas avec une découverte majeure, celle-ci soulève de nouvelles questions. La première étant : qui étaient ces hommes archaïques ? S’agissait-il de homo heidelbergensis, qui vivait au pléistocène moyen, entre 700 000 et 220 000 ans ? Pour Veerle Rots et ses collègues, il faut aller plus loin : “Nous sommes encore en train de finaliser l’étude des outils lithiques qui ont été trouvés dans les différents niveaux du site et nous prévoyons de nouvelles fouilles dans les années à venir.”