Pourquoi les CEE, censés soutenir carburant, électricité et gaz, pourraient alourdir vos factures

Image d'illustration. Bureau encombré avec factures et certificat énergétiqueADN
Alors que les prix du carburant, de l’électricité et du gaz continuent d’augmenter, les certificats d’économies d’énergie (CEE), censés soutenir la transition énergétique, pourraient paradoxalement alourdir la facture des consommateurs dans les mois à venir.
Tl;dr
- Les CEE évoluent dès janvier 2026.
- Hausse attendue des prix du carburant et de l’énergie.
- Le dispositif pèse sur le budget des Français.
Des quotas relevés, un dispositif élargi
Il y a quelques jours, la révélation par le média Ouest-France a jeté un froid sur le secteur de l’énergie. À compter du 1er janvier 2026, le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE), introduit en 2005 selon le principe du « pollueur-payeur », va évoluer.
Derrière cette réforme baptisée officiellement « P6 » par le ministère de l’Économie, l’objectif est clair : étendre les obligations et hausser les quotas de CEE. Désormais, bien plus d’entreprises devront acheter ces fameux « jetons » destinés à financer près de 200 aides à la transition énergétique, comme le leasing social pour la voiture électrique.
L’impact sur les prix des carburants et de l’énergie
Ce durcissement réglementaire ne sera pas sans conséquence pour les consommateurs. Alors que l’enveloppe globale du système atteignait déjà six milliards d’euros en 2025, elle devrait dépasser huit milliards en 2026 selon l’AFP. Conséquence directe : une pression accrue sur les distributeurs – qu’ils opèrent dans l’’électricité, le gaz ou les carburants. Mais absorber ces coûts supplémentaires ? Peu s’y risqueront. Comme l’indique Olivier Gantois, directeur de l’Ufip Énergies et mobilités, il faut s’attendre à une hausse comprise entre « 4 et 6 centimes d’euro par litre de carburant début 2026 ». Jusqu’à présent, la part des CEE représentait environ onze centimes ; elle grimpera désormais autour de quinze à dix-sept centimes par litre.
Du côté du gaz et de l’électricité, même logique. Chez Engie, on annonce une révision des prix sur certains contrats dès janvier prochain : « Les prix seront révisés pour intégrer ces évolutions réglementaires », explique-t-on. La hausse serait en moyenne de +3,5 % TTC sur le budget annuel, même si tous les fournisseurs n’appliqueront pas la même mécanique ni aux mêmes échéances.
L’instrumentation contestée mais incontournable des CEE
Face à ces perspectives, certains ménages redoutent d’endosser le rôle du « dindon de la farce ». Il faut dire que les résultats affichés par ce mécanisme sont parfois jugés trompeurs. Selon un rapport récent de la Cour des comptes, les économies d’énergie déclarées pour 2022-2023 seraient surestimées d’au moins trente pour cent. Pourtant, comme le rappelle Olivier Gantois avec une forme de résignation lucide : « C’est une directive européenne : on doit faire avec, malgré ses défauts… On n’a pas trouvé mieux pour contraindre à consommer moins d’énergie. »
Pour résumer concrètement les changements qui attendent particuliers et professionnels :
- Dépenses accrues pour tous les fournisseurs d’énergie.
- Aides publiques financées mais difficilement accessibles.
- Pouvoir d’achat menacé pour les ménages français.
Sous pression, un équilibre introuvable ?
Au fond, la finalité affichée – rendre nos usages plus sobres – reste inattaquable. Mais dans cette nouvelle étape du dispositif CEE, il semble que chacun doive composer avec un système coûteux dont personne ne se satisfait pleinement… tout en reconnaissant qu’aucune alternative n’émerge réellement à ce jour.