Pourquoi la santé mentale des mères après l’accouchement demeure-t-elle négligée ?

Image d'illustration. Mere enfant bebeADN
La santé mentale des mères après l’accouchement, et notamment la dépression du postpartum, demeure largement négligée. Malgré son impact sur les familles, ce trouble reste sous-diagnostiqué et insuffisamment pris en compte par le système de santé.
Tl;dr
- La santé mentale maternelle reste largement négligée.
- Le fardeau invisible du post-partum touche 1 femme sur 5.
- Des solutions systémiques et professionnelles sont urgentes.
Un enjeu invisible mais crucial
Alors que les discussions sur la santé mentale progressent, un pan entier reste dans l’ombre : celui de la santé mentale maternelle, notamment après l’accouchement. Si l’on se félicite volontiers des avancées des femmes, que ce soit dans le monde du travail ou dans la sphère privée, l’empreinte émotionnelle et cognitive de la maternité demeure souvent insoupçonnée – voire minimisée. Pourtant, comme l’illustre l’histoire, les rôles assignés aux femmes ont évolué au gré des besoins, de l’industrialisation aux guerres mondiales. Mais, paradoxalement, la maternité continue d’être sous-estimée, tant par la société que dans le cadre professionnel.
La réalité du fardeau post-partum
Sous la surface, le quotidien des nouvelles mères révèle une surcharge rarement reconnue : veille constante, charge mentale, nuits entrecoupées et une succession infinie de choix. La pression psychologique s’accroît lorsqu’il faut conjuguer soins au nouveau-né, attentes familiales et parfois retour à l’emploi. Ce « second shift » – ce cumul des tâches domestiques en plus d’une carrière – concerne plus de 60 % des mères actives, même parmi les principales pourvoyeuses de revenus. Conséquence directe : le risque de dépression post-partum, d’anxiété ou de burnout s’accroît, tandis que près d’1 femme sur 5 en souffre sans forcément être diagnostiquée ou suivie. Les causes sont multiples : stigmatisation, manque d’informations ou défaillance des systèmes de santé.
Des répercussions bien au-delà de l’individuel
Ne pas traiter ces troubles, c’est exposer les mères à une fatigue chronique, une motivation déclinante, voire à des complications telles que maladies cardiovasculaires ou troubles métaboliques. Mais ce cercle vicieux ne s’arrête pas là : la santé du nourrisson, l’équilibre familial et, par extension, celui de la société tout entière s’en trouvent affectés. D’ailleurs, il n’est plus possible d’accepter que la résilience se mesure à la capacité de souffrir en silence.
Vers une prise en charge globale
Face à cette urgence silencieuse, experts et acteurs institutionnels appellent à repenser nos approches : il devient indispensable de mettre en place des dépistages systématiques post-partum, d’offrir un accès simplifié aux thérapies, mais aussi d’adapter les politiques de congés parentaux. Le monde du travail a son rôle à jouer : proposer des horaires flexibles, former les managers à l’empathie, ou instaurer des programmes de soutien psychologique lors du retour au bureau. Pour synthétiser, voici quelques pistes concrètes évoquées :
- Dépistage universel après l’accouchement
- Accompagnement psychologique accessible
- Politiques RH reconnaissant la charge émotionnelle parentale
Reconnaître l’importance de la santé mentale maternelle, c’est investir dans le bien-être des familles, mais aussi dans la solidité du tissu social. Les mères portent bien plus que la vie : elles sont le socle de notre avenir collectif.