Phobie scolaire : “ne pas hésiter à retirer l’enfant de l’école”
Luc Mathis est président de l'association "Phobie scolaire". Pour lui, entre 15 et 20% des enfants sont directement concernés par ce genre de situations, alors que les statistiques des médecins ne vont pas au-delà des 5%.
Ce jour de rentrée a été redouté ou attendu par de nombreux enfants. Si leur entrée ou retour en classe a pu s’accompagner d’une certaine appréhension, il n’est pas toujours évident de savoir distinguer une difficulté de quitter le cocon familial pour une enceinte inconnue d’une réelle phobie scolaire.
Luc Mathis est à la tête d’une association s’efforçant d’aider au mieux les parents dont les enfants apparaissent se trouver dans une situation de phobie. Dans des propos relatés par BFMTV.COM, il définit ce problème psychique : “La phobie scolaire, c’est la peur de ce qui se passe à l’intérieur de l’école. Ça peut être dû à du harcèlement, à des troubles des apprentissages, à de la précocité, à des problèmes d’anxiété, de performance… Ce sont des situations qui génèrent du stress et qui à un moment arrivent à un niveau tel que ça fait un blocage. Comme un cheval qui se cabre devant l’obstacle. Le gamin ne peut plus. Ce n’est pas qu’il ne veut plus, en général il a envie d’y arriver, il sait que l’école fait partie du chemin de la réussite, mais il ne peut pas.”
Entre 15 et 20% d’enfants souffriraient de phobie scolaire selon Luc Mathis
Pas facile cependant pour les parents de repérer un mal plus profond qu’il n’y paraît de prime abord : “Quand on est parent, au début, on essaie la technique du coup de pied aux fesses. Et puis à un moment on se rend compte que ce n’est pas ça qu’il faut faire. C’est compliqué de savoir comment réagir. A l’association, nous avons une feuille de route pour indiquer ce qu’il faut faire. En général, c’est un peu comme les chevaux, qu’on ne force pas trop. On les met en pause pendant un petit temps et on leur prodigue des soins de relaxation.”
Et le président de “Phobie scolaire” de considérer que les cas sont sensiblement plus nombreux que ce que l’on pourrait penser : “Quand on regarde les statistiques des médecins, qui ne voient que les cas les plus graves, ceux qui vont dans la psychiatrie, cela va de 2 à 5%. Mais quand je demande autour de moi, on connaît tous quelqu’un qui dit ‘ah oui, mon frère, son enfant est victime de ça…’ Moi, mon estimation, c’est que 15 à 20% des gamins sont à un moment affectés par des situations de ce type-là.”
“On pourrait avoir une sorte de démarche de bienveillance”
Luc Mathis recommande en tout cas de ne pas forcément insister et, au contraire, de reculer pour comprendre : “Pour les gamins c’est un peu différent. Déjà, il ne faut pas hésiter à retirer l’enfant de l’école, même si ce n’est pas évident. Mais c’est presque pire de les forcer à y aller. Il faut trouver rapidement un psychothérapeute ou un psychologue qui permette de mettre des mots sur la situation. Harcèlement ? Dyslexie ? C’est très important de comprendre ce qui se joue. Pour pouvoir prendre les mesures.”
Et s’il juge qu’il n’existe aucune “solution concrète pour les jeunes” ni “médicament” pour venir à bout de cette phobie, Luc soulève l’idée d’“avoir une sorte de démarche de bienveillance. Dans certains pays, il y a un carton vert. Si l’élève ne se sent pas bien, il sort son carton vert et il peut sortir de la classe le temps qu’il gère son stress. Pour les situations les plus graves, on peut mettre en place des classes de petite taille dans lesquelles il n’y a pas du tout de pression du résultat. Pour remettre le pied à l’étrier des gamins. Quand on est parent et qu’on est dans cette situation, il y un sentiment d’isolement. Et cet isolement crée du stress supplémentaire. L’enjeu c’est d’enlever au moins le stress des parents”.