La petite phrase du cardinal Vingt-Trois pendant l’hommage à Jacques Hamel ne passe pas
Pendant son homélie, lors de la messe à Notre-Dame en hommage au prêtre égorgé, l'archevêque de Paris a lâché une petite phrase qui fait polémique.
“Silence des élites devant les déviances des mœurs et légalisation de ces déviances”. La phrase a été prononcée par le cardinal André Vingt-Trois à Notre-Dame pendant la messe d’homme à Jacques Hamel, prêtre égorgé à Saint-Etienne-du-Rouvray.
Ces mots, relayés en direct sur Twitter, ont provoqué l’indignation de nombreux internautes, jugeant que cette phrase n’avait pas sa place en pleine union nationale, et devant les responsables politiques du pays.
André Vingt-Trois, une allusion déplacée au Mariage pour tous
La phrase a depuis été supprimée de Twitter “dans un souci d’apaisement” par l’achevêché. Mais sur les réseaux sociaux, on sait bien que tout est très vite partagé. Car cette petite phrase ressemble à s’y méprendre à une attaque à peine voilée contre le mariage pour tous, dont le cardinal est l’un de ses opposants les plus farouches.
Dans son entourage, on se défend pourtant d’une telle attaque en affirmant à l’AFP : “cette formule visait un ensemble de mesures relatives à la bioéthique, au début et à la fin de vie, à la famille, et se voulait bien plus globale et générale que la question du mariage homosexuel”. Peut-être, mais situer une telle phrase dans de telles circonstances était-il pertinent ?
Des réactions qui ne se sont pas fait attendre
Dans la sphère politique, certains se sont littéralement étouffés en entendant ou lisant cette phrase. Ainsi Corinne Narassiguin, porte-parole du PS qui a utilisé Twitter pour se dire “effarée”. Même son de cloche pour Roselyne Bachelot : “C’est effectivement un tweet d’une violence inouïe. Courage, le combat continue contre les discriminations”.
Le Parti communiste ajoute : “Ces propos, clairement homophobes, sont contraires au message de tolérance adressé par la grande majorité des responsables religieux des différents cultes en France”.
L’association Les Effronté-e-s va plus loin : “Quelques semaines à peine après le massacre d’Orlando, des personnalités publiques qui se targuent de défendre des valeurs d’humanité et d’amour nous resservent la théorie selon laquelle les homosexuel-les sont, non pas victimes, mais coupables des malheurs du monde”.
Du côté de la Conférence des évêques de France, on tente une justification : “Cette polémique est la parfaite illustration de ce qu’a voulu dire le cardinal: on entend des indignations qui finalement font beaucoup de bruit, alors que si on prenait un peu de recul, on comprendrait que ça n’a pas beaucoup d’intérêt. Ce n’est pas parce que l’Église parle de déviances qu’elle condamne les personnes qui les vivent: elle est même la première à les accueillir”, a indiqué toujours à l’AFP son porte-parole Vincent Neymon.