Petite enfance : l’Igas alerte sur la « maltraitance institutionnelle » dans les crèches
Suite au décès d'une fillette dans une crèche privée en 2022, l'Igas avait été saisie pour évaluer « la qualité de l’accueil et la prévention de la maltraitance dans les crèches. » Le constat est inquiétant.
C’est un rapport très attendu que rendait aujourd’hui l’inspection générale interministérielle du secteur social (IGAS) et le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est inquiétant. Mandaté pour une étude sur « la qualité de l’accueil et la prévention de la maltraitance dans les crèches » suite au décès d’une fillette dans une crèche privée de Lyon en juin 2022, l’IGAS a mis en lumière des dysfonctionnements « institutionnels » dans de nombreux établissements dont certains peuvent s’apparenter à de la maltraitance.
Auditions et visites de terrain
C’est sur son site internet que l’IGAS a dévoilé les conclusions de son rapport. Pour les besoins de l’étude, les inspecteurs se sont déplacés pour étudier le fonctionnement de 36 crèches publiques et privées et ont diffusé un questionnaire à grande échelle. 5 275 directeurs de crèches, 12 545 salariés de crèches et 27 671 parents y ont répondu.
Des cas de maltraitances
Selon l’IGAS, la qualité d’accueil dans les crèches est « très disparate ». Si, malgré un manque de moyens évident, la majorité des établissements s’en tirent bien, des cas de maltraitances ont été relevés à de nombreuses reprises.
Ainsi, le rapport évoque des cas d’enfants oubliés sur les toilettes, d’autres ne peuvent pas faire de sieste, car les lits ne sont pas assez nombreux dans la crèche. Dans certains cas, les enfants sont laissés en pleurs jusqu’à ce qu’ils s’endorment.
Des recommandations et des mesures gouvernementales
Certains témoignages évoquent également le fait de donner moins à boire aux enfants afin qu’ils souillent moins les couches ce qui évite d’avoir à les changer trop souvent. Des cas d’insultes et d’humiliations et des « des carences dans la sécurisation affective et dans l’éveil » sont relevés.
Pour l’IGAS, ces cas sont pour la plus grande partie due à un manque de moyens et d’encadrement. Ainsi, les groupes d’enfants sont souvent trop importants (jusqu’à 30 enfants) et le taux d’encadrement « ne permettent pas aux professionnels de prendre le temps de suivre le rythme de chaque enfant et d’accompagner son développement. »
Le rapport émet 39 recommandations pour améliorer la qualité d’accueil qui passe entre autres par de meilleures formations, un taux d’encadrement adéquat ou un contrôle renforcé des structures. Le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, a pris connaissance du rapport et une série de mesures devraient être annoncées dans les semaines à venir.