Pastilles d’électrolytes dans l’eau : innovation bénéfique ou simple coup de pub ?

Image d'illustration. Gros plan d un comprimé effervescent pétillantADN
De plus en plus de sportifs et d’amateurs de bien-être ajoutent des pastilles d’électrolytes à leur eau, séduits par la promesse d’une hydratation optimisée. Cette tendance répond-elle réellement à nos besoins ou relève-t-elle simplement d’un effet marketing ?
Tl;dr
- Pastilles d’hydratation jugées inutiles par des experts.
- L’eau reste la meilleure solution pour s’hydrater.
- Le marketing nourrit des fausses croyances sur l’hydratation.
Un succès estival porté par le marketing
Au détour d’une pharmacie ou dans les couloirs du métro parisien, difficile de passer à côté des pastilles d’hydratation comme Hydratis, Waterdrop ou encore Lxir. Ces comprimés, souvent installés près des caisses ou promus sur les réseaux sociaux, surfent sur la tendance du « booster » d’hydratation. Leur promesse ?
Dissous dans un verre d’eau, ils offriraient une hydratation « optimisée » et préviendraient la déshydratation grâce à un cocktail de sucre, sels minéraux et électrolytes. Sur TikTok, certaines vidéos affichant plus de 150 000 vues vantent même leur efficacité après une soirée festive ou lors d’épisodes caniculaires.
Des professionnels sceptiques face à l’engouement
Pourtant, plusieurs spécialistes relativisent ces allégations. La diététicienne Violette Babocsay, très active contre la désinformation nutritionnelle, rappelle que l’Anses recommande bien de boire entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour.
Mais elle précise : « L’alimentation apporte déjà environ un litre d’eau via fruits, légumes ou viande rouge ». De fait, si près de 78 % des Français n’atteignent pas ce seuil selon un sondage Ifop commandé par la marque elle-même, cela ne signifie pas que trois quarts de la population souffrent de déshydratation.
L’eau simple reste irremplaçable
Du côté scientifique également, les arguments peinent à convaincre. D’après Basile Chaix, directeur de recherche à l’Inserm, même pour ceux exposés à une forte chaleur ou pour les sportifs amateurs, le recours aux pastilles reste discutable : « Même après 30 minutes d’effort physique, il n’est pas nécessaire de compenser en électrolytes ».
Et pour le médecin nutritionniste Arnaud Cocaul, ces produits relèvent avant tout du marketing : « Aucun intérêt prouvé – c’est du pur argument commercial ». Il s’inquiète aussi que leur aspect ludique éloigne du réflexe fondamental : boire simplement de l’eau.
Méfiez-vous des fausses croyances autour de l’hydratation
Les professionnels insistent sur plusieurs points essentiels :
- L’ajout systématique d’arômes ou de sucre n’est pas anodin.
- L’idée qu’avoir soif serait déjà le signe d’une déshydratation profonde est infondée.
- Trop boire comporte également des risques pour la santé.
Selon eux, prétendre qu’un simple verre agrémenté d’une pastille soit plus efficace pourrait générer des comportements contre-productifs et entretenir des idées reçues durables. Pour conclure, si ces comprimés ne présentent pas de danger majeur à court terme, ils envoient selon le Dr Cocaul « un mauvais signal en matière de santé publique ».