Paracétamol contre la gueule de bois ? Une fausse bonne idée
Sa prise peut s'avérer mauvaise pour le foie, rappelle un professeur en pharmacologie de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Le terme de veisalgie, terme un peu plus scientifique que « gueule de bois » vous en conviendrez, est un néologisme créé par des chercheurs américains et qui est la contraction de kveis signifiant malaise qui suit la débauche en norvégien, et la racine grecque Algia qui signifie quant à elle douleur.
Francisco Javier Otero Espinar, professeur en pharmacologie, pharmacie et technologie pharmaceutique à l’Université espagnole de Saint-Jacques-de-Compostelle, explique dans son article pour The Conversation pourquoi le réflexe que nous adoptons après un excès d’alcool, à savoir prendre du paracétamol, n’est pas une bonne idée.
Gueule de bois : un processus encore un peu mystérieux
Mais avant de comprendre pourquoi, il revient sur le fait que la cause scientifique de la gueule de bois reste encore à découvrir, tout comme celles de ses effets.
La déshydratation, une modification de la concentration de glucose ou de certaines hormones, une hausse de la concentration d’éthanol dans le sang sont souvent évoquées mais rien n’est encore établi avec certitude.
Le paracétamol, à oublier le lendemain
Alors, paracétamol ou ibuprofène vont-ils vous sauver la mise ? Le professeur Otero Espinar rappelle d’abord ce qui les différencie :
- le paracétamol est efficace contre la douleur mais n’est pas un anti-inflammatoire. type. A dose normale, il n’est pas toxique ;
- l’ibuprofène possède quant à lui des propriétés anti-inflammatoires et il n’est pas à l’origine de lésions du foie.
Mais pourquoi recommande-t-il d’oublier le paracétamol dans ce cas précis ? Car après une consommation excessive d’alcool, le mécanisme de métabolisme de ces deux éléments pose problème. Pour faire court (si vous souhaitez plus d’explications, n’hésitez pas à parcourir son article), une enzyme spécifique est impliquée dans leur propre métabolisme et il en résulte qu’« en présence d’une grosse quantité d’alcool, le paracétamol une fois dégradé libère des particules toxiques dangereuses pour le foie ».
Dès lors, que faire ? Si un anti-douleur doit être utilisé, autant préférer l’ibuprofène au vu de sa façon de se dégrader une fois dans notre corps. Et surtout si la gueule de bois est liée à un processus inflammatoire. Toutefois, il convient de rester prudent car l’ibuprofène est susceptible de renforcer l’effet irritant de l’alcool au niveau gastrique en altérant la barrière gastrique. Si les doses prises respectent la posologie, rien de cela ne devrait vous arriver. De fait, comme vous pouvez le lire depuis longtemps, le meilleur remède à une gueule de bois est de faire en sorte de ne pas la ressentir et de consommer l’alcool avec modération.