Occupy world streets : les indignés de Wall Street célèbrent leur premier mois d’occupation
Il y a près d’un mois débutait au cœur de Wall Street un mouvement de protestation populaire contre les méfaits d’une crise financière qui gagne à présent de nombreux pays à l’économie de marché.
Le 17 septembre 2011 près de 2000 personnes inspirées par les indignés de Madrid se sont rassemblées à Manhattan pour marcher vers Broadway. Lorsqu’elles se stoppèrent sur le square Zucotti, 150 d’entre elles décidèrent de dresser un campement pour y passer la nuit. Un mois plus tard le mouvement Occupy Wall Street revendique sur la page d’accueil de son site web que « la résistance persévère au Liberty Square et dans le monde entier ».
Retraçons les étapes du mouvement à travers les médias sociaux. Il semblerait que la paternité du slogan de ralliement « Occupy Wall Street » soit attribuée à AdBusters. Ce magazine, qui est également une fondation d’activistes anti-consumérisme, publia sur Twitter le 4 juillet (jour de la fête de l’indépendance américaine) une invitation à ramener sa tente à Wall Street le 17 septembre pour y faire entendre sa voix. Le hastag Twitter #occupywallstreet témoigne à l’heure actuelle du rôle d’épicentre de New-York dans un mouvement de protestation gagnant tous les continents.
La « viralité » du mouvement sur internet, en d’autres termes l’augmentation de son audience, semble atteindre actuellement une phase d’accélération renforcée par les soutiens de personnalités publiques de haut rang telles que Ban Ki-Moon, Michael Moore, Georges Soros ou Kanye West. De façon plus percutante encore, un récent sondage de l’université Quinnipiac nous apprend que 72% des New-Yorkais comprennent « très bien » ou « assez bien » le mécontentement des « indignés de Wall Street » et approuvent à 87% leurs manifestations.
Un mois après sa création, Occupy Wall Street a récolté 275 000 dollars. Beaucoup de ces dons anonymes se font par le site internet, mais « nous récoltons aussi entre 5 000 et 7 000 dollars » chaque jour en argent liquide, de gens qui passent au square Zuccotti, a précisé à la source proche du dossier Darrell Prince, un membre de sa commission des Finances. Les indignés de Wall Street partagent sur Twitter les fournitures dont ils ont besoin pour faire jouer la solidarité des New-Yorkais.
Des cartes interactives permettent de cerner l’étendue du mouvement, à présent devenu planétaire, en exploitant les données circulant la toile. Un site internet permet même en quelques clics d’identifier les lieux d’occupation les plus proches de chez soi avec leurs effectifs. Une journée mondiale de protestation a été organisée pour la première fois le 15 octobre en Europe, Asie, Afrique du Sud et Australie. Le site consacré à l’événement revendique près de 1000 villes et 82 pays impliqués. Rome s’est tristement ralliée au mouvement par un saccage d’émeutiers faisant suite au cortège de 30 000 manifestants qui coûtera au minimum 1 million d’euros selon les prévisions de son maire.
Les occupants de New-York ont pour principale revendication d’augmenter le taux d’imposition des plus hauts revenus des États-Unis. Pour le faire savoir ils ont visité les patrons de hedge funds courant septembre en défilant dans les rues de l’Upper East Side, quartier huppé de New York où résident de grandes fortunes du pays accusés de s’accaparer les richesses du pays du haut de leur 1% de part de population. Avec ce genre d’initiative, le parti républicain reproche au mouvement de souffler sur les braises d’une lutte des classes d’un autre âge.
Le président Barack Obama, a quant à lui déclaré durant l’inauguration du Memorial Martin Luther King à Washington qu’il aurait voulu que « nous relevions le défi des excès de Wall Street, sans diaboliser ceux qui y travaillent ». En Europe, les gouvernements auront à jongler délicatement entre la mise en place de mesures d’austérité impopulaires et un taux de chômage incompressible qui pousse de plus en plus de personnes de tous âges et catégories socioprofessionnelles à faire entendre leur voix…