Négociations commerciales entre producteurs, industriels de l’agroalimentaire et distributeurs : “Il faut sortir de ce rapport de force”
Après douze ans à la tête de l’enseigne Système U, Serge Papin a passé le relais il y a deux ans. Invité sur franceinfo, il souhaite que les négociations commerciales annuelles soient apaisées entre les différents acteurs.
Pour Serge Papin, il faut aujourd’hui faire appel à une forme de solidarité, de réconciliation entre les producteurs, les industriels de l’agroalimentaire et les acheteurs de la grande distribution lors des négociations commerciales. Mandaté par le gouvernement, l’ancien Pdg de Système U a pour objectif de faire encore progresser les “états généraux de l’alimentation” (EGalim), lancés en juillet 2017. Sur franceinfo, Serge Papin insiste sur le fait que ces négociations commerciales appartiennent à ‘des pratiques qu’il faut revisiter’…En France la semaine passée, les agriculteurs ont manifesté demandant de rencontrer Bruno Le Maire ; ils protestent contre les prix pratiqués par la grande distribution. Dans le Maine-et-Loire ils ont ont manifesté devant des supermarchés et hypermarchés exprimant leur ras-le-bol de la guerre des prix et d’êtres rémunérés à des prix dérisoires, largement en dessous de leurs coûts de production.
Une brutalité dans le rapport de force
Chez nos confrères, Serge Papin explique : “Les négociations commerciales annuelles entre producteurs, industriels de l’agroalimentaire et distributeurs sont en cours, après une année de crise sanitaire marquée par la flambée des cours des matières premières. Elles ont engendré une brutalité dans le rapport de force, et c’est souvent, malheureusement, la loi du plus fort. Je pense qu’il faut sortir de ce rapport de force et sortir des négociations annuelles“, assure Serge Papin qui vante ‘la coopération, le dialogue (…) et le contractualisme : non seulement un document qui engage et un état d’esprit nouveau pour qu’il y ait une meilleure répartition de la valeur’. L’ancien patron ajoute : “C’est toujours le maillon le plus faible, l’agriculture, qui subit dans ce rapport de force. (…) Si on veut maintenir notre appareil agricole, (…) il faut sortir de cette loi qui est parfois celle du renard dans le poulailler. Il faut que les revenus des agriculteurs progressent (…). Beaucoup de producteurs disent : ‘Si vous augmentez le prix du yaourt de deux centimes, ça va aller directement dans ma ferme et ça me change l’avenir.’ (…) Ce sont ces enjeux-là, on ne peut pas être dans une spirale qui tire tout vers le bas et qui amène à une destruction de valeur“.