#MosqueMeToo : des musulmanes dénoncent des agressions sexuelles subies pendant le pèlerinage à La Mecque
Sur l'initiative de la journaliste américano-égytienne Mona Eltahawy, des femmes musulmanes se sont emparées du mouvement #MosqueMeToo pour dénoncer le harcèlement et les agressions sexuelles dont elles disent avoir été victimes lors du pèlerinage à La Mecque.
Le mouvement #MeToo, où des femmes prennent la parole sur les réseaux sociaux pour dénoncer des cas de harcèlement ou d’agression sexuelle, vient d’atteindre un nouveau cap avec sa déclinaison #MosqueMeToo. Autrement dit, des situations semblables mais rencontrées ici lors du hadj, ou pèlerinage à La Mecque, et dans des lieux sacrés tels des mosquées.
C’est la journaliste américano-égytienne Mona Eltahawy qui, mardi, a initié le mouvement #MosqueMeToo sur Twitter avec ce témoignage : “J’ai partagé mon expérience où j’ai été sexuellement agressée durant le hadj en 1982 quand j’avais 15 ans, dans l’espoir que cela aide les femmes musulmanes à briser le silence et le tabou autour de leur expérience de harcèlement/abus sexuel durant le pèlerinage ou dans des lieux sacrés.”
Une journaliste crée le mouvement #MosqueMeToo pour libérer la parole des musulmanes
Nos confrères de franceinfo rapportent que cet appel a conduit à la publication d’environ 6.000 réponses sur le sujet. “L’une de mes amies a été tripotée pendant le hadj et quand elle a voulu crier au scandale, ses camarades de pèlerinage lui ont demandé de ne rien en faire”, raconte une inscrite du réseau social.
Une autre affirme quant à elle que la tendance #MosqueMeToo traduit “l’une des raisons qui font que je n’ai jamais répondu ‘oui’ à la question ‘Veux-tu retourner à La Mecque ?’ Je n’ai jamais été aussi harcelée que dans la ville sainte.”
I have shared my experience of being sexually assaulted during Haj in 1982 when I was 15 in the hope that it will help fellow Muslim women break silence and taboo around their experience of sexual harassment/abuse during Haj/Umra or in sacred spaces. Let’s use #MosqueMeToo https://t.co/uDsZFDolgX
— Mona Eltahawy (@monaeltahawy) February 6, 2018
“Totalement faux” de penser que La Mecque est sans danger
Ce témoignage tend lui aussi à ébranler l’image d’un lieu pourtant hautement considéré : “J’ai vu #MosqueMeToo. Ça fait resurgir d’horribles souvenirs de mon pèlerinage en 2010. Les gens pensent que La Mecque est l’endroit le plus sacré pour les musulmans, et que par conséquent, personne n’y ferait rien de mal. Totalement faux”.
Il ne serait pas étonnant qu’à la lecture de toutes ces déclarations, des femmes musulmanes qui nourrissaient le projet de se rendre à la Mecque pour la toute première fois choisissent de se raviser, en attendant une éventuelle prise de conscience de leur communauté toute entière sur ce problème.