Maroc : une adolescente de 17 ans séquestrée, violée, droguée, battue et tatouée de force
Pendant près de deux mois au Maroc, une adolescente de 17 ans a été séquestrée, violée, droguée, battue et tatouée de force par quatorze individus. Douze suspects ont depuis été identifiés, et des tatoueurs de s'être proposés pour faire disparaître l'encre imposée.
Pendant près de deux mois, Khadija a vécu ce que l’on pourrait considérer tel un enfer. Cette adolescente de 17 ans passait des vacances chez sa tante domiciliée dans le centre du Maroc. Un jour, un groupe de quatorze hommes l’ont enlevée.
Khadija est ensuite retenue prisonnière chez l’un de ces individus. Elle y sera non seulement violentée par des coups et des actes sexuels non consentis, mais également droguée et tatouée de force sur plusieurs endroits de son corps. L’adolescente ne retrouvera la liberté que plusieurs semaines plus tard, après que son père est parvenu à négocier avec ses kidnappeurs.
Khadija, le corps brûlé et tatoué, ne pouvait ni se nourrir, ni se laver
Dans des propos tenus à Chouf TV et rapportés traduits par La Dépêche du Midi, Khadija raconte que la torture ne s’arrêtait pas là : “On m’a tatoué et brûlé le corps sans que j’en sois consciente. Je n’arrêtais pas de pleurer et j’ai essayé de fuir à plusieurs reprises mais ils ont réussi à m’attraper. […] Ce sont des criminels qui ne me donnaient ni à manger, ni à boire et ne m’autorisaient pas à me laver”.
Sa prise de parole publique n’était d’ailleurs pas censée avoir lieu : “Mon père leur avait dit de me libérer et il leur a promis de ne rien dire aux autorités. Mais c’est moi qui ai tout dit aux gendarmes. Je veux la justice et qu’ils paient pour ce qu’ils ont fait”.
Des tatoueurs proposent de lui retirer l’encre
Khadija apparaît aujourd’hui traumatisée, les tatouages présents sur son corps ne pouvant que lui rappeler ces semaines de sévices. On peut y lire des messages obscènes et injurieux, les initiales des violeurs ou encore une croix gammée. Au magazine Telquel, elle confie que ces marques ont bouleversé le cours de sa vie : “Je suis quelqu’un de pieux, je poursuivais mes études et ils ont gâché ma vie, je ne peux même plus sortir”.
Mardi, douze Marocains âgés de 18 à 27 ans ont été placés en détention préventive. Suspectés d’être impliqués dans l’enlèvement et la séquestration de l’adolescente, l’un d’eux, âgé de 20 ans, fait notamment l’objet de poursuites pour “traite d’être humain sur mineure”, “viol”, “torture et usage d’arme causant des blessures et séquelles psychiques”, “constitution d’une bande organisée, enlèvement et séquestration”. Le procès s’ouvrira le 6 septembre prochain.
En attendant, une vague de soutiens a été observée sur la toile, deux centres de dermopigmentation marocains et un tatoueur tunisien s’étant notamment proposés de retirer les tatouages du corps de Khadija. Des efforts seront vraisemblablement consentis pour sa prise en charge, sa famille vivant ainsi avec de très modestes revenus dans une région reculée du royaume.