Maroc : condamnée à 3 ans et demi ferme pour des publications Facebook portant atteinte à l’islam
Le tribunal de première instance de Marrakech, au Maroc, a récemment condamné une étudiante italo-marocaine de 23 ans à trois ans et demi de prison ferme. La jeune femme a ainsi été reconnue coupable de publications Facebook portant atteinte à l'islam.
Le tribunal de première instance de Marrakech, au Maroc, a récemment condamné une étudiante italo-marocaine de 23 ans pour des publications Facebook jugées contraires à l’islam. La jeune femme, étudiant la médecine à Marseille, avant été appréhendée à sa descente à l’aéroport de Rabat. Elle “ignorait” alors, rapporte franceinfo, qu’elle faisait l’objet d’un mandat d’arrêt. Les faits qui lui étaient reprochés remontent à avril 2019. Elle aurait ainsi partagé sur le réseau social Facebook un texte en arabe imitant un extrait du Coran. Son père précise toutefois que l’étudiante ne savait pas de quoi parlait ledit texte “car elle ne maîtrise pas la langue arabe”.
Elle poste des versets modifiés du Coran sur Facebook, une association porte plainte
Ces versets modifiés faisaient visiblement “l’apologie de l’alcool”. Ils n’étaient notamment pas passés inaperçus pour une association religieuse de Marrakech, laquelle avait ainsi porté plainte “pour atteinte au caractère sacré de la religion”. L’article 267 du Code pénal marocain prévoit en effet des peines allant de six mois à deux ans de prison à “quiconque porte atteinte à la religion islamique”. La condamnation peut aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement si les faits sont commis sur la voie publique, réelle ou numérique.
“Elle est complètement brisée, ils ont détruit son avenir”
Le père de l’étudiante évoque un verdict semblable à la réception d’une enclume : “Je lui ai rendu visite aujourd’hui, elle est complètement brisée, ils ont détruit son avenir… De quel droit ces gens se sont-ils érigés en gardiens de la religion ?” Le texte de loi sur lequel le tribunal s’est vraisemblablement appuyé pour rendre son jugement est dénoncé par des voix qui, entre autres, lui reproche une formulation qui “ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte”. Le Forum de la modernité et de la démocratie, association citoyenne marocaine, est également apparu en désaccord avec la condamnation de l’étudiante pour les conséquences à attendre sur sa vie professionnelle. La famille de la jeune femme a fait appel du jugement.