Marie Peyraube réalisatrice de ‘L’enquête BFM TV’ sur l’attentat de Trèbes : “Durant 2 mois, je n’ai pensé qu’à ça” (Interview)
Lundi 11 mars à 20H50, BFM TV propose une nouvelle enquête "Trèbes, Beltrame le héros : Autopsie d'un attentat" qui reviendra sur l'attentat du 23 mars 2018. Pour ce doc, la réalisatrice Marie Peyraube a vécu des moments intenses, moments qu'elle évoque pour 24matins.fr
Après le documentaire “Depardieu, l’homme sans limites” (notre interview ici de Bruce Toussaint), BFM TV revient avec une nouvelle enquête “Trèbes, Beltrame le héros : Autopsie d’un attentat” menée par la réalisatrice Marie Peyraube. Avec ce nouveau rendez-vous (le septième), la chaîne confirme en même temps la mensualisation de sa case documentaire.
Lionel Durel pour 24matins : Après “Rédoine Faïd, l’ennemi public numéro un” diffusé le lundi 8 octobre dernier sur BFM TV, vous signez votre seconde enquête “Trèbes, autopsie d’un attentat”. En quoi était-elle plus ou moins difficile que la première ?
Marie Peyraube : Une enquête est toujours difficile quel que soit le sujet. L’investissement est total, pendant 2 mois. On ne pense qu’à ça, on ne vit que pour ça. L’enquête sur l’attentat de Trèbes était difficile car il y a une enquête en cours, donc pour sortir des informations il faut toujours plusieurs sources. D’un point de vue humain aussi car les protagonistes n’avaient au départ pas du tout envie de reparler de cet évènement traumatique.
Vos méthodes de travail ont été les mêmes ?
J’ai toujours la même méthode. D’abord comprendre la chronologie, l’histoire, vérifier les infos et ensuite rencontrer les différents personnages pour avoir leur vérité.
Vous êtes grand reporter pour BFM TV. Cela facilite-t-il votre travail pour ce genre d’investigation ? (contacts, accords…)
C’est un média référent et très réactif donc cela facilite souvent le travail de conviction, de persuasion.
Avez-vous travaillé avec Dominique Rizet, consultant police-justice de BFM-TV ?
Non car l’équipe “magazine” n’est pas dans la rédaction info. Mais je serai en plateau dans son émission “Affaire suivante” dimanche à 13h15 (hier) et nous échangeons beaucoup ensemble.
Vous êtes la réalisatrice de cette enquête, heureuse de changer de casquette ?
J’étais rédactrice en chef adjointe pendant 2 ans je souhaitais refaire du terrain. Le contact avec les gens, le reportage, l’investigation me manquait en effet beaucoup.
Le plus dur a été de convaincre les personnes impliquées
Quelles sont les principales difficultés auxquelles ont doit faire face lors d’une enquête sur une affaire autant médiatisée ?
Convaincre des personnes qui ont été extrêmement sollicitées voir poursuivies et qui pour la plupart n’ont aucune envie de parler.
Quel angle, que vouliez-vous montrer en particulier ?
Nous voulions décortiquer le geste du colonel Beltrame. Comprendre pourquoi il a agi “hors protocole”. Il fallait rencontrer les témoins directs de la scène qui n’avaient jamais parlé auparavant.
Aviez-vous couvert l’évènement de Trèbes en mars 2018 ?
Non, j’étais encore rédactrice en chef l’année dernière.
Il y a de nombreux témoignages. Les témoins ont-ils été faciles à approcher ?
Très difficiles, tant par une forme de pudeur que par exaspération vis-à-vis des journalistes.
Renato vit avec une balle du tueur dans le crâne…
Quels témoignages vous a le plus ému ?
Celui de Renato qui vit avec une balle du tueur dans le crâne et les filles du boucher Christian Medves. Leur chagrin et leur fierté.
Vous avez rencontré Damien Beltrame, le frère du colonel Arnaud Beltrame. Est-ce le moment fort de ce documentaire ?
Le témoignage de Damien est très fort. Il est à la fois touchant et extrêmement précis sur les ressorts psychologiques qui ont poussé son frère à agir comme il l’a fait. Ils ont grandi ensemble. Il donne un éclairage exceptionnel à l’action de son frère.
La famille d’Arnaud Beltrame a-t-elle aujourd’hui du soutien ?
Elle reçoit toujours énormément de messages d’affection et d’admiration venus de tous les pays.
Avez-vous pu rencontrer la compagne du terroriste de Trèbes ?
Elle est actuellement incarcérée en détention provisoire donc il n’était pas possible de la rencontrer.
Durant votre enquête, avez-vous découvert des nouvelles facettes de la personnalité du tueur Radouane Lakdim ?
Le profil de Lakdim est tristement banal. Un petit délinquant qui se radicalise tout seul sut Internet et nourrit un projet mortifère sans que personne ne réussisse à l’arrêter.
Combien de temps vous a demandé la réalisation de cette enquête ? Combien de journalistes ?
3 mois en tout, avec le montage. C’est le très talentueux Quentin Baulier qui signe l’enquête à la caméra. Nous avions une stagiaire Marinne Monaco et notre monteur Alexandre Funel qui a su donner du rythme au reportage.
Bruce Toussaint animera un débat en plateau après la diffusion de votre documentaire. Est-ce que durant votre enquête il collabore avec vous, vos équipes ?
Bruce ne collabore pas au tournage ni au montage. En revanche, on discute énormément avant le plateau, les angles à aborder, comment valoriser nos exclus, Etc.
Lors de votre première enquête, vous aviez été ‘filée’ par la police. Vous réclamiez des explications, les avez-vous eues ?
Oui en effet et c’était très choquant. Nous sommes en train d’obtenir des explications. Cela prend du temps mais cela suit son court.
Le colonel Beltrame a échangé sa vie contre celle de la caissière
De cette enquête, de quoi êtes-vous le plus fier avec le recul ?
D’avoir réussi à obtenir une chronologie inédite nourrie de témoignages de personnes ayant assisté à la prise d’otage du supermarché. Les témoignages aussi très humains des “victimes oubliées”.
Vous faites des sujets ‘people’ pour l’émission “Sept à huit” sur TF1. Où vous vous épanouissez le plus dans les sujets people ou plus graves comme Trèbes ?
J’ai en effet longtemps travaillé à l’émission “Sept à Huit” mais je ne faisais pas vraiment de sujets people. Je faisais du grand reportage à l’étranger et en France. Avec une spécialité ‘Police-Justice’. C’est pour cela que j’avais réalisé une enquête sur Nabilla à l’époque ou elle était en prison pour avoir poignardé son compagnon.
Dites aux internautes pourquoi il faut regarder votre enquête “Trèbes, Beltrame le héros : Autopsie d’un attentat”, lundi 11 mars 20h50 ?
L’enquête révèle minute par minute comment et pourquoi le colonel Beltrame a échangé sa vie contre celle de la caissière prise en otage. Un homme soupçonné d’avoir participé à la radicalisation de Radouane Lakdim témoignera également. Les témoins de la scène qui n’avaient jamais parlé auparavant disent tout. Si on est sensible à l’émotion, les témoignages des victimes qui s’expriment pour la première fois, on sera extrêmement touché et bouleversé.
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