Bruce Toussaint (Depardieu, l’homme sans limites, BFMTV) : « C’est un personnage qui est dans une forme d’auto-destruction » (Interview)
Lundi 18 février 20h50, BFMTV diffusera un long format exceptionnel produit et réalisé en interne "Depardieu, l’homme sans limites", prolongé par un débat animé en direct par Bruce Toussaint dans "Grand Angle". Le journaliste a répondu aux questions de 24matins.fr.
Lionel Durel pour 24matins : Votre regard sur Gérard Depardieu – l’homme, le comédien- a-t-il changé après le reportage ?
Bruce Toussaint : Oui, j’ai découvert un homme complexe à cerner, sensible. J’ai pris conscience de l’énorme blessure qu’à représenté la mort terrible de son fils Guillaume Depardieu. C’est un chagrin inexorable. On a le sentiment que ça a plongé Gérard Depardieu dans un profond désespoir. Il y a aussi sa vie privée, la fin de son histoire avec Carole Bouquet, Etc.
Finalement, vous avez découvert un Depardieu fragile, marqué par la vie et qui aspire à une vie (plus) tranquille après tant de tumulte ?
Oui c’est le grand paradoxe de ce film. Il est énorme, il est gigantesque mais il est incroyablement fragile même s’il ne le laisse pas paraître. Dans ce documentaire, on va découvrir ses fêlures, nées de la disparition de son fils, de sa vie privée. On a cherché à comprendre pourquoi il n’était pas forcément totalement épanoui malgré son succès phénoménal et malgré tout l’amour que lui porte une très grande majorité de Français. Pourtant, beaucoup de nos compatriotes n’ont pas compris pourquoi il partait vivre en Belgique, en Russie. Là, nous avons obtenu quelques explications dans le film sur l’aspect fiscal mais pas seulement, il y a plus que cela. Il y a l’idée de fuir la France, une sorte de fuite en avant…Nous sommes avec un personnage qui est dans une forme d’auto-destruction, pour moi c’est dramatique car on l’adore. Les téléspectateurs pourront découvrir cela lundi soir.
C’est toujours difficile d’enquêter sur un personnage comme Depardieu
L’enquête précédente sur les Le Pen avait été difficile à réaliser car c’est un clan uni et soudé qui se protège mutuellement, qu’en a-t-il été pour Gérard Depardieu ?
C’est toujours difficile d’enquêter sur un personnage hors normes et de vouloir percer ses mystères et ce fut là aussi le cas pour Gérard Depardieu. Il faut trouver les bons témoins. Les entourages ont peur de se dévoiler. C’est la règle. Les journalistes sont habitués et savent contourner ces obstacles. L’enquête a duré plusieurs mois, elle ne devait pas ‘glorifier’ Depardieu, mais elle ne devait pas non plus ‘être à charge’, c’est cela qui est délicat. L’enquête se devait d’être très honnête et sans parti pris.
Quels témoignages durant le documentaire est le plus touchant ? Celui qui vous a le plus marqué ?
J’ai beaucoup aimé celui de Bertrand Blier. Immense réalisateur.
Bruce, comment se prépare ce genre de débat ? Préparez-vous vous-même les questions ?
J’aime par-dessus tout préparer moi-même les questions. Essayer aussi de me mettre à la place des téléspectateurs, ça c’est un réflexe.
Ont le voit dans les chiffres, l’enquête de 20h50 retient plus de téléspectateurs que le débat de 22h00. A titre d’exemple l’enquête sur les Le Pen à attiré 515.000 téléspectateurs en moyenne en prime lorsque votre débat en a gardé 351.000 en seconde partie de soirée (perte de 164.000 téléspectateurs). Comment mieux contenir cette déperdition et avez-vous des objectifs d’audiences ?
C’est normal qu’il y ait une perte, un film est plus attrayant qu’un débat. Qu’il en reste 351.000, c’est très bien (rires). Pour ce qui est de l’audience, je n’ai aucun objectif puisque ce sont des évènements ponctuels.
Pour tourner cette ‘enquête BFMTV’ intitulée « Depardieu, l’homme sans limites », avez-vous demandé l’autorisation à l’acteur ?
Non, pas besoin d’autorisation. C’est un personnage public. Une des personnalités françaises les plus connues dans le monde.
Bruce, Vous n’êtes pas le producteur des enquêtes, ni le réalisateur. Le devenir, cela pourrait vous intéresser ?
Franchement, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Ce documentaire sur Depardieu casse votre ‘routine’. Vous aimez cela ?
C’est un travail différent, mais tout aussi passionnant. Je suis très heureux de pouvoir varier les plaisirs sur BFMTV.
Est-ce que ce nouveau rendez-vous de débat sur BFMTV n’a pas quelques similitudes avec votre passage sur France 2 avec « Vous trouvez ça normal ? »…
Je ne crois pas. Sur France 2, on était vraiment dans l’infotainment. Ici à BFM priorité à l’info brute et en direct. Les débats doivent être au plus près de l’actu.
Vous avez pris les commandes de « Grand Angle » à la place de Jean-Baptiste Boursier. En quelques années, il avait rendu ce RDV incontournable et performant. Avez-vous hésité en vous disant : Là, je récupère une tranche puissante, haute en audience, c’est plus risqué qu’un rendez-vous moyennement performant qui ne demande qu’à progresser ?
On ne prend pas de décision aussi importante en fonction de l’audience. Évidemment que c’était un défi. Mais Jean-Baptiste Boursier avait réalisé un travail remarquable et les téléspectateurs sont restés fidèles. C’est ce que j’espérais.
Si vous deviez comparer « Grand Angle » avec un RDV à peu près similaire que vous avez présenté comme par exemple « Team Toussaint » sur Itélé -même si c’était le matin, NDLR- ; qu’est-ce qui fait à vos yeux que « Grand Angle » est différent à driver par rapport à tout ce que vous avez fait jusqu’à présent ?
La plus grande différence, c’est…l’horaire ! Ce n’est pas une blague. Les matinales radio et télé sont conçues comme des ‘talk shows d’info’. Cela donne une couleur particulière. Peut-être plus détendue. Il est important de réveiller les gens avec le sourire. Le soir, c’est autre chose. Il faut donner un résumé de l’actualité de la journée à travers des images et des reportages grands formats de très bonne qualité, et ouvrir un espace de débat avec des invités au cœur de l’actualité.
BFMTV est une ‘machine de guerre’
Vous le journaliste expérimenté qu’est-ce qui a pu vous surprendre dans cette machine qu’est BFMTV ?
J’ai découvert la formidable machine de guerre qu’est BFM. Une rédaction de 300 personnes. C’est impressionnant. Je n’ai jamais vu autant de moyens humains et techniques au service de l’information.
Jean-Baptiste Boursier et vous avez-vous discuté, échangé sur « Grand Angle » ?
On s’est peu vus. On ne se connaissait pas. Il a eu la gentillesse et l’élégance de m’envoyer un petit mot quand j’ai été choisi. Mais je le croise souvent désormais dans les couloirs. C’est un journaliste de grand talent et un garçon très sympathique.
Y a des fortes personnalités qui ont imprimé leur marque sur BFM comme Jean-Jacques Bourdin, Olivier Truchot, Alain Marshall, Ruth Elkrief, …La marque Toussaint, c’est quoi ? Bienveillance et pédagogie…?
J’adorerais qu’on m’attribue ces deux qualités. J’en serais très fier. J’y travaille chaque jour. Et c’est vrai que je revendique une certaine bienveillance (Rires).
Vous semblez heureux, très épanoui sur BFMTV. Qu’est-ce que vous y avez trouvé que vous n’aviez pas forcément ailleurs ?
J’y suis très heureux parce que je suis passionné par mon métier. Et que l’info est reine sur BFMTV, et l’info, c’est ma passion.
Est-il exact que les audiences sur BFM sont mesurées en direct et que le rédacteur en chef peut décider de trapper une info qui ne ferait pas d’audience ?
Il y a des outils qui permettent d’avoir une indication mais pas de mesure précise en direct. Cela ne doit pas influer sur nos choix éditoriaux. Simplement nous renseigner sur l’intérêt des téléspectateurs.
En regardant votre cursus de journaliste, on s’aperçoit que vous bougez beaucoup, même sur Canal+ ou vous êtes restés plusieurs années, vous avez pris les commandes de plusieurs rendez-vous…Vous vous lassez vite ou vous êtes opportuniste ?
C’est vrai que j’ai pas mal bougé. Je ne l’ai pas toujours cherché. Il m’est arrivé d’être viré ! Ou de partir parce que je ne m’entendais pas avec une direction. Mais je pense que c’est une chance dans ce métier. Il faut multiplier les expériences.
J’ai simplement envie de m’imposer le soir sur BFMTV
Quelles perspectives de carrières aimeriez-vous avoir pour le futur ? Diriger une chaine de télé, de radio ? Europe 1…?
Je ne me projette pas. J’ai simplement envie de m’imposer le soir sur BFM.
Comment voyez-vous les difficultés d’Europe 1 vous qui avez animé la matinale ?
Cela m’attriste. Cette maison a besoin de stabilité et ces dernières années, ce ne fut pas le cas, mais j’ai bon espoir.
Bruce, vous êtes un homme de plateau, vous êtes que rarement sur le terrain. Des « Grand Angle » sur les lieux d’événements, c’est possible ?
J’adorerais. Mais c’est difficile à faire. On y réfléchit avec la chaîne.
Réfléchissez-vous à des idées d’émissions, des nouveaux RDV que vous pourriez proposer à BFM ? Vous êtes force de proposition ?
Je suis déjà bien occupé. Non, je n’ai pas d’autres projets pour l’instant pour ce qui est de l’antenne.
Pourriez-vous comme Léa Salamé prêter votre voix à un single ?
(Rires). J’adore cette chanson de Séverin et ce clip ! Bravo Léa ! Je ne sais pas si j’aurais osé. Pourtant j’adore chanter…
De la bouche de quel professionnel de votre métier aimeriez-vous entendre un compliment sur votre travail ?
J’admire beaucoup de grands journalistes. Peut-être Pierre Lescure.
Si vous étiez sûr de ne pas échouer, que tenteriez-vous -tous domaines confondus- ?
Réaliser un film pour le cinéma.
Si votre carrière s’arrêtait demain, seriez-vous satisfait ou manquerait-il quelque chose que vous n’auriez pas eu le temps de faire ?
Je pense qu’on est jamais rassasié dans ce métier et qu’on a toujours besoin de nouveaux défis.
Qu’est-ce que vous préférez le plus dans votre métier ?
Tout simplement raconter l’actualité.
Quelles émissions de télé vous ne ratez jamais ?
« The Voice ». Et des séries.
Quelle émission existante ou ayant existé auriez-vous aimé animer ?
L’émission « Tout le monde en parle », diffusée sur France 2 et présentée par Thierry Ardisson à l’époque.
Plus jeune, rêviez-vous à la vie que vous avez aujourd’hui ?
Depuis très jeune, j’ai toujours voulu être journaliste. Cela ne m’a jamais quitté.
Je déteste le conflit !.
C’est vrai ça, personne ne dit de mal de vous. Etes-vous politiquement correcte ?…
(Il rit). Je déteste le conflit !.
Avec votre oeil de journaliste, comment jugez-vous notre monde actuel ?
En pleine mutation, mais c’est tellement cliché de le dire !!.
En dehors de la Télé, quel est votre passe temps favori ?
Le foot et plus particulièrement les matchs du PSG.
Pourquoi faut-il ABSOLUMENT regarder lundi soir « Depardieu, l’homme sans limites »…
Parce ce que dans ce documentaire vous allez découvrir un Depardieu différent !
📽 Découvrez les premières images de "Depardieu, l'homme sans limites", notre grand format à découvrir en intégralité ce lundi à 20h50 sur @BFMTV pic.twitter.com/N1o7g7KCVW
— BFMTV (@BFMTV) February 18, 2019