“Mademoiselle” : la culture japonaise assez “effrayante” pour un Coréen selon Chan-wook
Le réalisateur de "Mademoiselle" Park Chan-wook reconnaît que la culture japonaise lui a été longtemps défendue, et qu'aux yeux d'un Coréen, elle a même "quelque chose d'effrayant".
Mardi est sorti dans les salles françaises Mademoiselle, du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook. Une histoire prenant place en Corée, dans les années 30, au moment de la colonisation nippone. La jeune Soakee est engagée en tant que servante par la riche Hideko, sans se douter que cette Japonaise entend l’employer à de mystérieuses fins.
Mademoiselle se trouve être l’adaptation sur grand écran du roman britannique Du bout des doigts. On peut d’ailleurs se demander pourquoi l’action de l’œuvre originale, se déroulant en 1862 au Royaume-Uni, s’est déplacée géographiquement et chronologiquement dans Mademoiselle.
Chan-wook avait peur de la “redite” avec “Mademoiselle”
Park Chan-wook a expliqué à Télérama.fr que cette démarche lui a été, en quelque sorte, imposée : “À l’origine, je pensais rester davantage fidèle au livre, et laisser l’histoire dans un manoir anglais à l’époque victorienne. Mais j’ai découvert qu’il existait déjà une minisérie de la BBC adaptée de Du bout des doigts.
J’avais peur d’une redite, si je persévérais dans mon idée de rester en Angleterre, d’autant que la série a été beaucoup vue et a de nombreux fans. Je devais toutefois rester fidèle au climat du livre : il me fallait une société avec un rapport de classes très marqué où l’aristocratie joue encore un rôle important et emploie de nombreuses servantes […] La Corée des années 1930 s’est naturellement imposée”.
Un réalisateur très longtemps ignorant de la culture japonaise
Du fait des sensibles traces laissées par la colonisation japonaise en Corée, le réalisateur raconte que la culture nippone lui a été très longtemps inaccessible :
“Pendant mon enfance et mon adolescence, dans les années soixante et soixante-dix, tout ce qui venait du Japon était interdit – je n’ai eu accès au cinéma de Kurosawa et d’Ozu qu’après mes études à l’université ! La génération de mes parents a vécu la colonisation japonaise et en a souffert. Même si je ne l’ai pas vécue moi-même, j’en ai beaucoup entendu parler… La culture japonaise, comme toutes les cultures du monde, a une beauté qui lui est propre. Mais pour un Coréen, en raison de l’histoire douloureuse entre les deux pays, elle a aussi quelque chose d’effrayant. “
À l’occasion de la sortie de Mademoiselle au cinéma, la plate-forme de vidéo à la demande (VOD) FilmoTV propose de (re)découvrir trois précédents longs-métrages du réalisateur : Old boy (2003), Je suis un cyborg (2006) et Thirst, ceci est mon sang (2009). Ce dernier apparaît par ailleurs comme son préféré de toute sa carrière en raison d’une gestation longue de dix ans et qui aura permis à Park Chan-wook de s’y attacher tout particulièrement.